J'ai bien hâte de revoir mon psychiatre qui récemment m'a donné conseillé d'arrêter de donner de l'importance aux détails, d'arrêter d'essayer de tout contrôler et d'accepter de vivre dans le doute. Même si ces conseils sont aux antipodes de ma philosophie de control-freak, j'ai consenti à essayer de les suivre mais j'étais loin de me douter que mon dernier voyage en terre floridienne me démontrerait aussi clairement à quel point il ne faut jamais suivre les conseils des dits-professionnels de la santé mentale!
Si j'avais su que mon périple en Floride deviendrait un odyssée existentiel qui m'a plus transformé que n'importe quel pélerinage, j'aurais demandé qu'il me file de numéro sans frais pour l'appeler pour lui demander d'autres sages conseils. Comme le billet m'a été offert par un ami, je n'ai pas trop relevé le fait qu'un voyage prenant habituellement 3 heures allait s'échelonner sur plus de 10 heures grâce à une escale de 3 heures à Philadelphie et aux 3 heures de bus séparant Québec de Trudeau. Comme on dit à cheval donné on ne regarde par la bride. J'ai donc quitté Québec à 6 heures du matin pour arriver à plus qu'à temps à Trudeau pour un vol qui venait d'être annulé pour cause de tempête sur tout l'est des USA. Je me suis évidemment immédiatement blamée de ne pas avoir vérifié la météo avant de partir et j'ai attendu que l'on m'assigne une place sur un vol ne partant que 12 heures plus tard. J'ai donc passé la journée à Trudeau à tourner en rond à regarder les gens fairent leurs adieux et à dépenser mon fric de voyage en cafés pas bons et en sandwichs trop chers jusqu'à ce que mon nouveau vol me transporte jusqu'à Miami où je suis arrivée si crevée que j'ai gardé mon manteau d'hiver jusqu'à ce que mon ami me fasse remarquer qu'il faisait maintenant 30 degrés et non -40.
J'ai passé 10 superbes journées à me la couler douce et à refaire le plein d'énergie. Comme je suis actuellement un programme d'acupuncture auquel je tiens énormément et que mon ami n'avait pas réservé de date de retour, j'ai du bataillé pour obtenir un billet de pour y être de retour à temps et surtout qui ne m'occasionnerait pas de trop de frais supplémentaires à cause de la semaine du spring break qui allait suivre. Après avoir poireauté sur la ligne plusieurs heures, j'ai réussi à me trouver un place pour le lendemain.
Afin de ne pas faire de faux-départ comme 10 jours plus tôt, j'ai pris soin de vérifier la météo de Philadelphie avant de partir malgré l'oeil sarcastique de mes hôtes me prenant pour une parano finie. Le début du weekend du spring break avait déjà plongé l'aéroport de Fort Lauderdale dans une fébrilité toute juvénile qui a de beaucoup diminué l'effet qu'aurait du produire l'annonce du retard de mon vol et sa probable annulation pour cause de tempête. Après avoir consulté l'agente au comptoir qui m'a assuré que ça devrait aller, j'ai décidé de prendre quand même ce vol même si j'avais le mauvais pressentiment qu'il ne m'amènerait pas chez-moi.
Une fois dans les airs, au bout d'une heure d'avertissements de rester assis et attachés et de chuchottements d'agentes de bord stressés, le pilote nous a annoncé que nous atterririons à Charlotte en Caroline du Nord puisque l'aéroport de Philadelphie venait de fermer. Malgré l'énervement généralisé j'ai gardé mon calme en me disant qu'on me mettrait surement rapidement sur un vol pour Montréal. Dès que l'avion s'est posé, la plupart des gens ont commencé à faire des réservation d'hôtel et des appels aux gens les attendant pour leur dire de les oublier pour le weekend, mais je suis quand même restée confiante que tout irait bien pour moi.
Nous sommes sortis de l'avion sans indications précises pour nous dire où nous rendre pour être assigné à un autre vol. Après avoir parcouru plus de la moitié de l'aéroport bondé de gens en détresse, j'ai finalement trouvé la file d'attente de bureau international de US Airways où l'on pourrait m'aider. La file était tellement longue que j'ai d'abord cru à une mauvaise blague et quand j'ai vu qu'elle venait de doublé 5 minutes après mon arrivée, j'ai décidé de ne plus bouger de là et d'attendre patiemment que mon tour vienne. J'ai donc attendu de 16 heures à 23 heures dans une file composée de gens affamés et anxieux et d'enfants en overdose de sucre après s'être envoyés tout ce que le comptoir de cochonneries avaient à leur offrir. L'agent qui m'attendait était tellement épuisé qu'il a mis un temps fou à m'expliquer que je ne pourrais pas rentrer à Montréal avant mardi. Comme l'idée de passer 4 jours à mes frais dans une ville aussi froide qu'inintéressante, j'ai fait la demande d'être retournée à Fort Lauderdale. L'agent a consenti à me trouver un billet, mais le vol n'aurait pas lieu avant le lendemain soir. Comme si les choses n'étaient pas assez critiques comme ça, leur système informatique a connu un bogue qui l'a empêché de m'imprimer une carte d'embarquement ce qui l'obliga à me faire un billet manuscrit d'une main tremblante et incertaine pendant qu'une latino à boutte lui gueulait des insanités. Ce billet non-officiel m'obligeait à me retaper une file le lendemain matin mais il me certifiait au moins que je n'aurais pas à me taper 4 jours dans cet aéroport.
Une fois mon billet empoché, je me suis dirigée dans la section des réservations d'hôtel prête mentalement à débourser 100$ pour un peu de paix et de repos. La fille d'attente pour le téléphone m'a vite fait comprendre que tous les hôtels des alentours étaient pleins à craquer et que l'attente pour un taxi était d'environ 2 heures.
Comme j'avais pressenti ce contre-temps et que je n'ai rien fait, je me suis reprochée de m'être foutu dans le pétrin en me disant que tout çela aurait pu être évité si j'avais annulé mon vol du matin et que j'étais restée chez mon ami. J'ai profité de l'offre de téléphone d'un Québecois avec qui j'ai fait la file pour appeler ma mère pour lui dire de ne pas m'attendre en essayant de ne pas trop sombrer dans le pathétique pour ne pas l'inquiéter.
Comme je n'étais pas trop d'humeur à vivre ce drame en groupe, j'ai essayé de me séparer de mon nouvel ami et d'un couple s'étant greffé à lui en leur expliquant que j'avais besoin d'être seule avec mon lecteur mp3 et mon lunch au bord de la putréfaction. Ils m'ont quitté en me trouvant bizarre, mais ils sont vite réapparus pour me tenir compagnie alors que je commencais à manger et à accepter la situation. Quand j'ai vu que ça me demanderait plus d'efforts de les fuir que de les accepter, j'ai consenti à rester avec eux même si leurs commentaires me rappelaient sans cesse que je devrais encore passer plus de 18 heures dans cet aéroport.
Nous nous sommes ensuite promenés en vue de trouver un endroit pour se poser pour la nuit, même si le plancher inacceuillant était déjà couvert au 3/4 de gens somnolents. Une porte avec un l'insigne Church a piqué notre curiosité. Cette pièce dédiée aux religieux de tout accabit ayant peur de l'avion nous a permis de se couper du drame avoir et de passer une nuit presque normale sans craindre de se faire piétiner. Je fus étonnée que personne ne se pointe au cours de 7 heures belles heures où j'ai dormi comme un bébé. Cette pause m'a presque donnée envie de croire en Dieu!
Le matin venue, nous sommes allés faire la file pour obtenir nos cartes d'embarquement. Sceptique jusqu'au moment où l'agent me la remette, j'ai sauté de joie en ayant finalement la confirmation que je pourrais sortir de ce bourbier alors que bien d'autres y passeraient encore quelques jours. Ma joie m'a permise de trouver une façon diplomatique de réclamer ma solitude et de séparer des nouveaux amis sur une note positive.
Même s'il me restait encore bien des heures d'attentes devant moi, cette victoire m' a tout fait oublié et j'ai passé une super journée à me taper des cafés starbucks à lire le NYTimes en regardant avec compassion les jeunes gens privés de springbreak fondrent en larmes et à discuter avec des gens d'un peu partout.
A l'arrivée à Fort lauderdale, mon sac n'étant pas là, j'ai du me taper la file des bagages perdus après avoir tenté en vain de le trouver dans les montagnes de valises disposées un peu partout dans l'aéroport. Un autre bogue informatique empêcha l'agent de localiser mon sac. Cet impromtu m'a obligé à emprunter des vêtements à la copine de mon ami qui a eu tout le mal du monde à me trouver un bikini et des shorts, étant peu portée sur les plaisirs du soleil. Mon accoutrement un peu loufoque ne m'a pas empêché d'aller me ballader en vélo o;u je suis tombée sur une vente de garage tenue par un couple désespéré par l'absence de clients. La dame hyperactive m'a fait don de quelques t-shirts avant de m'inviter à visiter son jardin. Je l'ai suivi jusque dans sa cour où se cotôyaient une colonie de poissons, de tortues sous la supervision d,un hamster ankylosé. Je l'ai ensuite suivie dans sa maison où elle m'a fait écouté 3 disques, montré les cendres de sa défunte mère avant de me faire visiter sa chambre où j'ai pu voir que l'énergie de la dame provenait de l'effet de la poudre blanche mixée à la vodka jus d'orange.
Ross son mari, visiblement dans le même état festif que sa compagne m'a offert un verre que j'ai décliné. Pour meubler la conversation, je lui ai raconté mon épisode à Charlotte sans me douter que mon récit donnerait envie à sa compagne de me fournir en vêtements. En l'espace de 10 minutes, sa Sherry m,a sorti une garde-robe complète de vêtements affreux mais à ma taille. J'ai pris ce qu'il me fallait avant de les laisser dans leur délire post-St-Patrick et en leur promettant de leur envoyer une carte postale.
Même si cet épisode m'a donné sérieusement goût de ne jamais revenir ici et de passer mes journées avec Sherry et Ross à me boire de la vodka et à jouer au ping-pong, j'étais quand même déçue de ne pas pouvoir aller à mon rendez-vous d'acupuncture. J'ai appelé la secrétaire pour l'informer de mon impossibilité pour apprendre que je ne figurais tout simplement pas à liste des patients de ce jour et que la secrétaire qui était de service lors de mon dernier rendez-vous avait quitté sa job en catastrophe sans prendre la peine de mettre l'horaire à jour. Encore une fois, je n'ai pu m'empêcher de me culpabiliser en me disant qu'à Québec il faut toujours vérifier 3 fois plutôt qu'une et que si j'avais été au courant de cette annulation je n'aurais jamais passé cette nuit à Charlotte, mais je me suis vite ravisée d'arrêter cette vaine tentative de rétroactivité et j'ai ri en pensant à tout ce que je n'aurais jamais le temps de dire à mon psychiatre pour lui faire comprendre que pour moi les détails font toute la différence!