Wednesday, June 06, 2007

Des règles

Même si les occasions de s'indigner ne manquent pas en ce beau pays au climat aussi déréglé que le cycle menstruel d'une femme ménopausée, je me dois de donner une mention spéciale quand à l'aberration des nouveaux règlements relatifs à la photo du passeport. Malgré mon obéissance irréprochable aux diverses nouvelles consignes m'interdisant de garder mes cheveux attachés pour que la racine de mes cheveux soit bien visible et de sourire pour ne pas que mon visage soit déformé, j'ai échoué aux critères d’acceptation de ma photo car la peau de mon front reluisait. En plus de devoir me resoumettre au pathétique rituel de prise de photo j'ai du accepter de me faire appliquer une poudre qui a du coup éradiqué ce qui restait d’humanité dans mon visage pour le transformer en un visage de morte vivante sans sourire qui me ressemble si peu que j'ai du mal à croire que ce document me fera passer la frontière.


Même si je lui ai rappelé plusieurs fois qu’en rouspétant je ne cherchais nullement à la blâmer pour ces absurdités, la pauvre fille du CAA ne cessait de s'excuser pour les inconvénients en me disant qu'il s'agissait des règlements et qu’elle devait les suivre. Comme j'ai déjà exercé un boulot où les absurdités ne manquaient pas, je sais qu'il n'est pas particulièrement agréable de se les faire rappeler par des clients fin finauds mais je crois que ces commentaires sont tout de même nécessaires car ils démontrent que nous ne sommes pas aussi zombie que le montre nos photos de passeport et que nous avons encore le droit de critiquer les règles. Même si je sais que ces dispositions ont été prises pour assurer ma sécurité, je ne vois pas en quoi elles pourront aider à l'identification des terroristes si ce n'est qu'en les identifiant à la crise de nerfs explosive qu’ils piqueront dès la prise de la photo.



Tant qu'à jouer à la gérante d'estrade, je vais dédier ma deuxième mention d'absurdité au virage que pourraient prendre les évaluations du français des cégépiens. Comme les fautes d'orthographe et de syntaxe empêchent de nombreux étudiants de réussir le test et d'entrer à l'université, des spécialistes dans le domaine songent à changer les méthodes d'évaluation objectives qui seraient trop sévères en des évaluations plus subjectives dites holistiques qui donneraient de l'importance à d'autres aspects des textes et rendrait l'orthographe et la syntaxe en critères secondaires. Même si je suis loin d'écrire sans faute, je trouve que la qualité de la langue française est dans un état déjà trop pitoyable pour que l'on prenne de telles mesures qui ne feront qu'encourager le laxisme et la dégradation de notre langue. Même si les évaluations en cours n'ont pas réussi à nous donner une maîtrise de la langue, elles ont quand même le mérite d'obliger les étudiants à se relire et à ouvrir le dictionnaire avant de le remiser dans une boîte pour le restant de leurs jours.

Même si la maîtrise d'une langue ne garantie en rien la réussite en cette société, je ne crois pas que c'est en lui enlevant de l'importance que nous aiderons les jeunes à s'y insérer plus facilement. Même si les fautes de français ne sont pas une question de vie ou de mort et que leur maîtrise ne garantie en rien les qualités humaines de son utilisateur, je crois qu’il est plus que nécessaire que l'on oblige les étudiants à les apprendre et à les respecter même si ça leur demandera des efforts et du temps qu'ils préféraient utiliser à autre chose. La vie est faire d'obligations visant à un meilleur fonctionnement de la société qui devrait contribuer à l’épanouissement de l’individu. Plus tôt on est confronté à ces obligations, plus vite on s'habitue à faire des efforts pour des choses qui ne font pas toujours nécessairement du sens mais dont la maîtrise du langage et de la pensée pourront nous aider à mieux les comprendre ou à les critiquer plus tard dans notre vie dans un blog loin d’être sans fautes d’orthographe et de syntaxe mais dont l’auteur accepte sans problèmes la critique.

Tuesday, May 15, 2007

Banlieue rouge

Platform, le 2ième film du réalisateur chinois Jia Zhang Ke est tout le contraire des block buster à la Crouching Tiger, Hidden Dragon et autres histoires somptueuses d’impératrices sexy. Long terne et particulièrement pessimiste ce film n'a rien pour gagner le cœur des gens en quête de divertissement et d'évasion mais il n’en est pas moins un document émouvant même s'il donne un portrait peu reluisant de la Chine des années 80.

Pendant que l'Amérique connaissait les prémisses du mouvement punk et les débuts de l’effervescence des années 80, Cui Mingliang et ses compagnons de troupe présentaient un spectacle de chansons à la gloire de Mao et de ses innovation techniques même si la plupart d'entre eux n'avaient jamais encore vu un train de leur vie. Ils vivent dans une région aride et si reculée de la Chine qu'il est difficile de croire que le film commence en 1979.

C'est à cette période que les dirigeants chinois ont consenti à assouplir le régime implanté par Mao en permettant entre autres la privatisation de certains secteurs de l'économie de même que l'ouverture à la musique populaire à qui l’on attribue des effets apaisants. La troupe dans laquelle Cui Mingliang fait partie deviendra ainsi une entreprise privée ce qui lui permettra de renouveler son répertoire et de découvrir les possibilités cathartiques de la musique. Grâce à des chansons qui parlent d'amour et de liberté, Cui Mingliang parvient à extérioriser ses frustrations en donnant des performances un peu trop musclé pour le public et pour sa petitesse mais qui collent mieux à son existence que les chansons de propagande. L'aridité du territoire et le désintérêt du public les obligera à retourner dans leur petite ville où il poursuivra son existence d'attente et d'ennui.

Même si ce film possède des images d'une grande force et d'une étrangeté difficile à décrire, Platform est avant tout un film qui passe par la musique. Le titre provient d'une des chansons du film qui parle justement de la frustration causée par l'attente et de la désillusion résultant d'un régime contrôlant où l'individu est nié au profit du bon fonctionnement de la collectivité. Leur seule liberté semble être celle de se ruiner la santé en fumant sans arrêt en essayant d’envisager un avenir dans un régime à l'autorité sclérosante. Sans mettre toute l'emphase sur les absurdités et les atrocités du système, Jia Zhang Ke nous mets en face de des réalités nous étant inconcevables et nécessaires à la compréhension de la désolation ambiante. Pour vous donner une idée, par le biais d'une simple discussion entre filles nous apprendrons que les exécutions avaient encore lieu sur la place publique et que les couples non mariés devaient obligatoirement se rapporter à l'état sous peine d'être arrêtés.

Jia Zhang Ke tenait particulièrement à réaliser ce film qui s'échelonne sur 10 ans afin de montrer la lenteur des effets de l'assouplissement du régime sur cette région éloignée où il est né mais surtout à exposer à son père les frustrations qu'il lui a fait vivre en ne le comprenant pas. Même si son père n'a rien dit après avoir vu le film, Jia Zhang Ke a réussi magistralement à créer un film riche et éloquent où il arrive à exposer son histoire personnelle et cette partie de l'histoire de son pays qui a beaucoup changé depuis et surtout à rendre un superbe hommage à la musique cet antidote à l’ennui utilisé par tous les adolescents du monde.

Saturday, April 28, 2007

Chanteur désenchanté

Alain Moreau qui a jadis connu un certain succès dans des groupes de reprises dans le genre des Classels gagne maintenant sa vie en chantant dans les casinos et les foyers de vieux. Même si la plupart de ceux avec qui il a fait ses débuts se sont recyclés depuis longtemps dans d'autres sphères de l'économie, ce dernier persiste à chanter dans des événements où il agit plus comme un incitateur à la consommation d'alcool et au divertissement des personnes âgés somnolentes que comme un artiste qui s'exprime par son art. Un spectacle au casino lui permettra de rencontrer Marion, celle qui réveillera son coeur de tombeur sur le pilote automatique, même si elle est insensible à son charme. Cette jeune femme paumée s'est retrouvée dans cette région du centre de la France pour fuire une situation qui continue malgré tout de la hanter. Même si elle ne s'intéresse pas à lui, Alain persistera à lui faire la cour jusqu'à ce qu'il réalise que son charme d'antan n'a aucun effet sur celle qu'il veut vraiment. Même si cet échec affectera la santé de la bête de scène, il l'obligera à regarder la réalité en face et à reprendre possession de son existence quoiqu'en pense son entourage qui le maintient dans un état d'éternel adolescent incapable de s'occuper de lui-même.
Même s'il s'agit d'un film léger, Quand j'étais chanteur dresse un tableau fort sérieux sur le pouvoir que nous avons sur notre vie et comment l'obligation de ne pas déplaire à ceux qui disent vouloir notre bien peut maintenir dans l'immobilisme. Après avoir passé sa vie à chanter pour faire plaisir à des gens sans y prendre de plaisir, Alain Moreau décide de se réapproprier sa liberté et de faire un saut dans l'inconnu. Marion, même si elle beaucoup plus jeune subit le même sort. Elle fascine les hommes par sa beauté mais elle n'a que faire de leur amour car il ne l'aide en rien dans sa crise existentielle. Au lieu d'oublier son drame dans une histoire d'amour, elle choisit d'assumer la situation malgré l'incompréhension des hommes qui ne voit que sa beauté et sa disponibilité de divorcée et ne s'intéressent pas à ce qu'elle vit. Même s'ils tarderont à s'en rendre compte, Marion et Alain partagent tout deux cette soif d'émancipation du regard des autres qui finira par les unir.
Même si Depardieu n'est pas un grand chanteur, son interprétation de sympathique has been soucieux de son apparence est fort sympathique. Sans tomber dans la caricature, il a créé un personnage un peu désolant mais tellement près de la réalité que l'on a l'impression d'avoir souvent croisé ce kétaine qui porte des souliers pointus et se fait des mèches dans les cheveux pour plaire au public mais qui s'assume tellement qu'on ne peut pas rire de lui.
En plus d'être très agréable à regarder, ce film m'a aussi donné l'occasion de connaître Claude Celler, un autre chanteur des années 60 qui a charmé bien des filles et qui continue de le faire de façon encore plus lucrative depuis qu'il a rencontré les Elohims et qu'il s'est rebaptisé Raël. Ce passage montre à quel point tout est possible dans la vie pourvu qu'on soit capable de faire fi de la rationnalité de notre monde désenchanté et que l'on aille au bout de sa folie!

Thursday, April 26, 2007

Nashville

Même si je ne peux pas me considérer comme une grande connaisseuse de l'œuvre de Robert Altman j'ai été énormément attristée par sa disparition en novembre dernier. Ce réalisateur si prolifique semblait vouée à la vie éternelle tellement ses productions se succédaient sans ralentissement ni perte d'inventivité. Si la possibilité de nouvelles réalisations est maintenant nulle, Altman a laissé derrière lui une œuvre si grande et si riche que j'ai suffisamment de matériel pour oublier ma peine pendant encore plusieurs mois. Comme je n'ai pu assister à la rétrospective organisée par la Cinémathèque plus tôt cette année, j'ai décidé de me faire ma propre rétrospective-Altman que j'ai débuté par le visionnement de Nashville.
Ce film réalisé en 1975 se passe dans cette ville-phare de la musique country qui en est pleine campagne électorale. Le film repose avant tout sur les rencontres entre divers personnages qui vivent ou sont amenés à passer par Nashville que sur une histoire linéaire. Si certains sont là pour percer dans l'industrie, d'autres pour rencontrer des stars ou organiser la campagne électorale, tous se verront bientôt réunis par le grand spectacle tenu en l'honneur d'un des candidats aux élections qui tournera au drame.
Comme bien des films d'Altman, Nashville contient un casting aussi large qu'impressionnant même pour ceux qui se croient insensibles aux stars. A une brochette d'acteurs et d'actrices m'étant inconnues, Altman incorpore Geraldine Chaplin en reporter de la BBC, Shelley Duval (la maigrichonne Wendy du Shining de Kubrick) en groupie professionnelle de même que de courtes apparitions de stars tel qu'Elliot Gould et Julie Christie qui étaient réellement de passage par Nashville au moment du tournage. Ces caméos ajoutent beaucoup au côté happening et spontané de cette histoire musicale.
Comme l'histoire se passe dans la capitale du country, la musique y joue un rôle si fondamental qu'il est presque nécessaire d'avoir un minimum de sympathie pour ce type de musique sinon vous risquez de trouver le temps bien long. Nashville repose sur la multitude de trames dramatiques amenées par la quête de chaque personnage qui se superposent pour peu à peu se confondre au fil du film. Les dialogues incessants et décousus, les paroles de chansons et les messages de la campagne électorale s'entrecroisent et se superposent pour former une trame sonore qui peut parfois créer de la confusion mais qui enlève toute possibilité d'ennui. Une analyse sérieuse d'un certain Rick Altman de l'université de l'Iowa me confirme les 24 personnages de l'histoire correspondraient au 24 pistes des méthodes d'enregistrement de musique en studio. Ce film s'avère donc être un véritable exercice formel visant à donner une tridimensionnalité à la bande-son. Cette pratique est perturbante car elle est tout le contraire de la méthode hollywoodienne qui a nous habitué à n'entendre qu'un personnage à la fois.
La réalisation Altman est si fluide et naturelle qu'on oublie à quel point l'orchestration de tous ces minis-événements n'a rien de simple. Altman a un sens si aigu des détails qu'un seul visionnement s'avère insuffisamment pour apprécier toute la richesse de sa mise en scène. Au lieu de piger dans le répertoire country déjà existant, Altman a créer de toutes pièces un répertoire de chansons souvent écrites par les acteurs eux-mêmes qui ressemblent à bien des hits préexistants mais qui collent mieux au côté pince-sans-rire du film.
Sans en faire un document touristique sur la ville, le film de Altman a aussi le mérite de nous faire découvrir de plus près l'institution du Grand Ole Opry de même que les chants Gospel de la communauté noire de cet état du sud des États-Unis pas trop réputée pour son ouverture d'esprit. La rencontre de ces deux genres musicaux clôt le film sur une note particulièrement optimiste malgré la gravité des événements.Sans chercher à trouver une interprétation à ce film qui n'a pas besoin d'analyse pour s'imposer, Altman montre par ce film que l'art est le meilleur moyen de rendre hommage à la complexité de la vie et qu’il est possible de créer de la beauté même avec les situations politiques exaspérantes. Comme les choses ne se sont pas vraiment améliorés depuis ce temps, ce film demeure un excellent antidote au négativisme causé par la politique américaine actuelle qui redonne envie de croire au potentiel de notre voisin du sud.

Tuesday, April 17, 2007

La bonne nouvelle

Si vous lisez ces lignes et êtes en mesure de me dire quelle est la signification d'un rêve se déroulant dans un all you can eat de chou bouilli avec Ricky Lane, vous êtes priés de m'informer sinon j'espère vous avoir permis d'oublier un instant le mauvais temps de même que cette horrible tragédie survenue en Virginie hier.
Il est de plus difficile d'être un imbécile heureux dans ce bas-monde mais on dirait que mon subconscient trouve en ce moment toutes les façons de me divertir pendant mon sommeil et de me faire garder le sourire toute la journée. Mes visions sont si incongrues et précises que je me réveille plusieurs fois par nuit pour reprendre contact avec la normalité avant de retourner dans le chaos de ces histoires hallucinantes orchestrées par une partie de mon cerveau qui ne se repose jamais. Même si ces multiples réveils font de moi une loque qui somnole le jour, je me trouve bien chanceuse d'avoir un sommeil si divertissant qu'il n'a absolument rien à envier aux comédies qui passent à la tété qui seraient censées me remonter le moral et qui font exactement le contraire.
Dans ce monde d'inégalités et d'injustices, le rêve demeure un concept démocratique à la portée de tous ceux qui peuvent encore s'offrir le loisir de dormir. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est la meilleure nouvelle que je pouvais vous annoncer aujourd'hui!

Thursday, April 12, 2007

Un avant-goût de l'enfer

Même si je ne m'attendais à un feel good movie sur les rapports humains-animaux, je dois admettre que le documentaire Animal Love de Ulrich Seidl a donné un sérieux coup à ma vision déjà pas très reluisante de l'humanité. Même si le titre peut faire référence à la sexualité bestiale, rassurez-vous ce film ne contient aucune scène graphiquement condamnable, mais il est quand même une expérience cinématographique éprouvante que la plupart des gens interromprait avant la fin. Comme l'expérience Dogdays était toujours fraîche dans ma mémoire quand j'ai pris la décision de louer ce film, j'ai assumé mon choix jusqu'à la fin même si certaines scènes étaient à la limite du supportable.
Dans un style très direct et sans fioritures, le film est axé sur des individus qui vivent en compagnie d'animaux avec qui ils vivent des relations si intimes que l'on se sent vite voyeur et de trop. Même si on a vu de nombreuses fois dans notre vie des propriétaires de chiens discuter avec leur protégé, cette vision devient vite perturbante lorsqu'on comprend que l'animal est traité comme une possession qui comble une carence affective importante et aide à tempérer les diverses frustrations de la vie. Même si l'on ne sait très peu de choses de ces gens, l'environnement dans lequel ils vivent a tout pour indiqué qu'ils ne sont pas exactement équilibrés et que le sort est à envier. L'un d'eux qui dit avoir été trouvé bébé dans une décharge publique. Ce dernier mendie en compagnie d'un petit lapin qu'il utilise pour gagner la sympathie des gens qui aiment les animaux. Si ce n'est d'un couple d'échangistes maigrichons et impudiques, les autres n'entretiennent pas de relation affective et sont hantés par le départ d'un autre qui les a blessé et semblent avoir trouvé en leur animal de compagnie une façon d'avoir de l'affection et de la compréhension. Ce choix n'est pas mauvais en soi, mais quand on voit la piètre condition de leur environnement et de leur santé, on ne peut pas s'empêcher d'y voir la détresse de l'homme moderne qui n'est plus capable de s'occuper de lui-même et qui fait vivre cette situation à un animal.
Même si le réalisateur clame que son film ne se veut pas critique sociale, il est difficile de pas conclure devant ces scènes désolantes qu'il ne tente pas de nous montrer que quelque chose ne tourne pas rond dans notre civilisation qui semble donner plus d'attention aux animaux qu'aux hommes. Même si le film a toutes les apparences d'un documentaire, il est plutôt un fin alliage d'acteurs non professionnels et d'un réalisateur qui sait les mettre si à l'aise avec la caméra que le malaise du spectateur est inévitable. Il est étonnant que des gens aient accepté de se donner à un point où l'on se demande s'ils ont conscience de la présence d'une caméra ou s'ils sont conscients tout court.
Même si le film est loin d'être parfait, Seidl démontre qu'il est un fin-observateur et surtout un habile metteur-en-scène. Il parvient à mettre en scène l'intimité de des gens pour qui la vie semble s'être figée dans le malheur et l'isolement. La présence des animaux permet à ces personnes d'extérioriser leur malheur et nous oblige à nous questionner sérieusement sur l'état actuel de notre belle condition humaine.
Même avec la plus grande ouverture d'esprit du monde Animal Love est une expérience perturbante qui m'amènera à prendre plus au sérieux Herzog. Sa citation sur la pochette du DVD dit qu'il n'avait eu de sa vie une vision aussi directe de l'enfer. Je peux confirmer qu'il ne s'agit pas d'une autre exagération Herzogienne!

Friday, April 06, 2007

Sainte nuit

Le retour de la neige donne plus l'impression d'être en plein congé de Noël plutôt qu'au dernier weekend du carême des catholiques qui a débuté en même temps que la campagne électorale mais qui a eu beaucoup moins de couverture médiatique...
En ma qualité d'autiste déconnectée de la réalité qui essaie de se soigner, j'ai un peu hésité avant de louer Ma nuit chez Maud de Rohmer croyant que ce film me ferait replonger dans la nostalgie d'une période que je n'ai pas connue pour me rendre encore plus décalée de mon temps. Eh ben, imaginez-nous vous donc qu'en plus de me faire passer un plus qu'agréable moment de prise de tête hygiénique, Rohmer a réussi à rendre une réflexion sur l'engagement amoureux et la religion aussi intéressante qu'actuelle en cette période de congé pascal qui m'a fait sentir un peu plus près de ces gens qui pleurent la mort de leur sauveur. Même si le catholiscime a perdu bien des plumes depuis le temps, son influence se fait encore sentir dans notre société séculière. La preuve, beaucoup d'entre-nous se retrouvent en congé aujourd'hui pour souligner la crucifixion d'un type nommé Jésus Christ.
Jean-Louis incarné par Jean-Louis Trintignant travaille pour la compagnie Michelin qui vient de le muter dans son usine de Clermont-Ferrant où il ne connaît personne. Habitué à la vie de solitaire, il se distrait en faisant des mathématiques et en relisant Pascal sans manquer de fréquenter la messe car évidemment il est catholique pratiquant. Le film s'ouvrant sur un sermon de prêtre m'a donné l'impression de m'être trompée de dvd tellement il m'était impossible d'envisager qu'un réalisateur aussi français que Rohmer puisse faire de la religion une partie aussi intégrante que fondamentale d'un conte moral axé sur un jeune homme aussi séduisant et dans le vent que Jean-Louis Trintignant.
Le côté solennel de l'assemblée ne l'empêchera pas d'avoir un coup de foudre pour Françoise, une jolie ouaille qui étudie la biologie. Un changement à sa trajectoire habituelle fera qu'il tombera sur Vidal, un ancien collègue de lycée qui habite les environs. Ensemble ils parleront de Pascal afin de reprendre contact et redéfinir leurs croyances respectives. Comme ils se trouvent tous deux seuls pour la période de Noël, Vidal lui présentera Maud, une séduisant jeune divorcée qui a tout pour plaire à Jean-Louis mais qui ne parviendra pas à lui faire oublier la belle blonde croisée à la messe. Contraint de passer la nuit chez elle, Jean-Louis succombera aux charmes de la brillante aguicheuse pour en sortir encore plus lucide quant au sérieux de son désir d'union avec Françoise.
Cette nuit qui sera sa dernière nuit d'homme célibataire sans attaches débouchera sur une union fidèle à ses principes catholiques qu'il a suffisamment outre passés dans son ancienne vie. Même si le film ne se veut pas un pamphlet catholique, Rohmer lui redonne ses lettres de noblesse en le représentant avec un homme aussi brillant et articulé que Jean-Louis. Ce qui est selon moi un tour de force, considérant toutes les absurdités que ce dogme religieux comporte.
Ma nuit chez Maud montre bien qu'un réalisateur talentueux peut rendre n'importe quel sujet intéressant. Ce film riche en réflexions et en délicieuses prises de têtes a bien aéré mon esprit un peu blasé par la platitude de ce lent début de printemps et m'a presque donné envie d'aller à la messe à la rencontre d'un catholique célibataire qui relit Pascal et s'adonne aux mathématqiues dans ses temps libres même si je crains fort que ce type de personne existe vraiment!

Saturday, March 31, 2007

Undersize me!

Même si je n'avais nullement l'intention de convertir mes hôtes carnivores au régime végétarien, ces derniers ont accepté de me suivre chez Sublime, un établissement se spécialisant dans la fine cuisine végétalienne histoire de voir ce qui a bien pu attiré des invités de marque tel que Paul McCartney et Pamela Anderson tel que le précise la page d'accueil de leur site web.Comme les restaurants de ce genre ne font pas légion dans cette région du monde qui carbure principalement aux fast food et autres all you can eat, j'ai mis du temps avant d'apprendre l'existence du restaurant Sublime par le biais du blog Meat less in Miami dont j'ai appris l'existence par le biais de l'hebdo culturel gratuit City link.Nous nous sommes donc rendus dans cet établissement en bordure d'un grand boulevard par un beau dimanche soir trop frais pour manger en terrasse. Nous fumes accueillis admirablement par une gentille hôtesse dans un environnement aéré et relaxant sans être trop new age. Le menu offrant une multititude de plats originaux m'a tellement épaté que j'ai eu du mal à faire un choix. Un serveur trop bronzé a pris ma commande et a failli s'étouffer quand je lui ai demandé du pain. Il m'a regardé droit dans les yeux pour me dire que cet établissement ne sert pas de pain comme s'il s'agissait d'une hérésie. Sa réaction m'a vite comprendre que nous étions dans un restaurant qui suit l'engouement tout états-unien du régime qui fait la guerre aux carbs auquel je ne comprends rien. L'arrivée de mes plats plu surtout à mes yeux qu'à mon estomac qui malgré mon petit appétit ne fut guère rassasié. La propriétaire du restaurant est venu interrompre notre repas à 2 reprises pour nous demander si tout était yummy. Ses boucles d'oreilles iguanes et son acoutrement white trash détonnaient tellement avec la somptuosité du décor que j'ai douté qu'il s'agissait bien d'elle qui apparaissait au côtés de Bob Barker sur la photographie à l'entrée de l'établissement. Comme elle voulait savoir comment nous avions entendu parler de son établissement, je lui ai parlé du blog meatless in miami mais mon accent étranger et la complexité de ma réponse semble l'avoir plus perturbé qu'intéressé. Elle nous a rapidement salué avant de nous envoyer une entrée de caviar même si nous étions rendus à l'étape plus que nécessaire du dessert représentés par les brownies aux beurres d'arachides les moins subtils du monde. Même si le mix onion rouge et chocolat n'est pas le plus évident du monde, j'ai quand même mangé cette assiette alliant tofu et algues imitation de caviar. Quand j'ai vu que cette inventive mais simplette imitation de caviar valait approximativement 25 sous se vendait 9 $ je n'ai pas pu m'empêcher de m'indigner devant mes hôtes qui trouvaient qu'ils manquaient vraiment de viande dans ce resto!
Je me suis abstenue de faire tout commentaire au serveur, mais je suis ressortie du restaurant déçue de tout ce tape-à-l'oeil culinaire qui dissimule un menu carencé aux prix exhorbitants qui donne encore raison aux carnivores qui croient qu'un régime végétalien est certes bourré de beaux principes mais pas très bourratif quand il n'est tout simlement synonime de privation et d'austérité.
Comme la propriétaire Nanci Alexander est aussi la présidente-fondatrice de l'ARFF (Animal Right Foundation of Florida), son restaurant semble avant tout une façon de montrer au monde que la gastronomie peut être exempte de toute cruauté envers les animaux et c'est probablement plus ce principe qui a amené Pamela Anderson et Sir Mc Cartney a se montrer la face là avant de prendre leur jet privé l'estomac léger en direction des îles de la Madeleine pour aller regarder des phoques se faire tuer.

Friday, March 30, 2007

Chacun cherche son cochon.

Après un hiver long et discret en activités culturelles dans la Vieille Capitale, voilà que le soleil se décide à faire son retour en même temps qu'une multitudes activités culturelles intéressantes. Je ne vais quand même pas me plaindre qu'il se passe trop de choses, mais je crois qu'il est un peu dommage que le FIFA édition Québec et le Festival des 3 Amériques ait lieu le même weekend. Comme il faut choisir et qu'il est primordial pour moi de profiter un minimum du soleil, j'ai décidé de faire fi des possibilités et de me rendre à la projection du film Nos Vies privées de l'ex-critique de cinéma Denis Côté que je n'ai pu voir lors de la dernière édition de Rendez-vous du cinéma québecois dans la grosse méchante métropole.
Comme le cinéma est un élément central de mon existence et que je possède la fâcheuse manie de voir des coïncidences partout, je me permets de vous confier que j'ai eu dès le début de la projection l'impression d'être dans un territoire connu me ramenant à ma propre existence de perturbés qui tentent de semer ses problèmes dans les déplacements géographiques. Le film se déroule dans un village au très joliment commun nom de Ste-Mélanie autour d'un couple bulgare comme celui avec qui je viens de passer 2 semaines en Floride. Rassurez-vous car c'est ici que s'arrête la partie mystico-égocentrique de mon texte mais je ne pouvais m'empêcher de mentionner mes prédispositions quant à l'appréciation du film.
L'histoire n'a par contre rien à voir avec mes amis pas plus qu'il ne dresse un portrait de ce village que je n'ai jamais visité. Un homme qui vit en Bulgarie et une femme qui a émigré au Québec se retrouvent ensemble quelques mois après s'être rencontré dans un chat room. Ils vivront ensemble un idyle de courte durée qui fera bientôt place à une guerre froide où chacun affronte ses démons s'en parvenir à l'ouvrir à l'autre. La fusion amoureuse devient un alliage hétérogène formé par un homme et une femme qui doutent, qui questionnent leur existence et qui se perdent.
Malgré la mention du village de Ste-Mélanie, quelques allusions aux habitants de la belle province et une journée passée au festival du cochon de Ste-Perpétue, le film n'est pas spécifiquement québécois et pourrait se dérouler dans n'importe quel pays. Cet isolement dans les bois s'avère être un endroit idéal pour leur idylle, mais devient vite un endroit aliénant et claustrophobique malgré son immensité et sa pureté verdoyante. Ils n'entretiennent avec le monde extérieur qu'une relation pour s'étourdir en se saoulant ou en participant à une compétition d'attrapage de cochons où ils ne parviennent pas à créer de liens leur permettant de trouver un point d'ancrage autre que leurs démons intérieurs.
Après une première partie axée sur l'intimité du couple, le film prend un tournant sombre qui nous plonge à l'intérieur de la psyché des personnages que le spectateur ne pourra pas plus comprendre qu'ils ne peuvent se l'expliquer. Tous les éléments du film convergent pour créer une confusion qui n'est en rien causé par la langue des interprètes mais plutôt par les mystères insolubles de l'être humain qui eux ne connaissent pas de frontières malheureusement. Si Côté ne donne pas la clef à tout ce mystère, son film soulève d'intéressantes questions quant au couple, à l'attachement à la terre natale et à l'immigration à l'heure d'internet.
Si ce moyen a permis l'élaboration du film en reliant Coté avec les interprètes rencontrés en Bulgarie avec qui il a pu resté en contact pour l'élaboration du film, dans le cas des immigrants il ralentit souvent le processus d'intégration à la terre d'accueil qui n'a pas nécessairement envie d'accueillir de toute façon. Côté dit que l'expérience au festival du cochon n'a pas été des plus faciles même si l'interprète s'est bien amusé avec le cochon. Les mecs comiques en charge de l'animation se sont payés cheapement sa tête en le présentant comme un Russe qui est habitué de pogner des cochons. Même si l'événement doit regorger de curiosités et de freaks du cochon, Côté ne transforme en aucun moment son film en document ethnologique visant à démystifier l'événement, il ne l'utilise comme une toile de fond qui permettra au couple de mieux constater sa solitude et son étrangeté au monde qui les entoure.
Malgré son internationalisme, Nos vies privées n'a rien d'un film sur l'immigration ou la démystification des habitants de la Bulgarie. L'utilisation de la langue bulgare nous oblige à nous distancier du sujet et à nous sentir aussi étranger qu'eux ne sentent pas rapport à ce qui leur arrivent.
Si le film et cette histoire n'auraient pas existé sans les nouvelles possibilités technologiques, le traitement du film quant à lui ne témoigne pas d'un acharnement technologique ce qui nous permet aussi de prendre du recul par rapport à notre environnement boosté et multi-tâches pour mieux plonger à l'intérieur de la psyché humaine comme on plonge tout nu dans un lac en s'imaginant qu'il y a des monstres qui vont nous croquer les orteils. Cette sortie du monde moderne permet de mieux comprendre que peut importe où on ira nos perturbations personnelles suivront, ce à quoi nul billet d'avion ou séjour au grand-air ne pourra solutionner tant que l'on a pas trouvé notre bibitte personnelle.

Tuesday, March 27, 2007

Le détail qui a failli me tuer

J'ai bien hâte de revoir mon psychiatre qui récemment m'a donné conseillé d'arrêter de donner de l'importance aux détails, d'arrêter d'essayer de tout contrôler et d'accepter de vivre dans le doute. Même si ces conseils sont aux antipodes de ma philosophie de control-freak, j'ai consenti à essayer de les suivre mais j'étais loin de me douter que mon dernier voyage en terre floridienne me démontrerait aussi clairement à quel point il ne faut jamais suivre les conseils des dits-professionnels de la santé mentale!
Si j'avais su que mon périple en Floride deviendrait un odyssée existentiel qui m'a plus transformé que n'importe quel pélerinage, j'aurais demandé qu'il me file de numéro sans frais pour l'appeler pour lui demander d'autres sages conseils. Comme le billet m'a été offert par un ami, je n'ai pas trop relevé le fait qu'un voyage prenant habituellement 3 heures allait s'échelonner sur plus de 10 heures grâce à une escale de 3 heures à Philadelphie et aux 3 heures de bus séparant Québec de Trudeau. Comme on dit à cheval donné on ne regarde par la bride. J'ai donc quitté Québec à 6 heures du matin pour arriver à plus qu'à temps à Trudeau pour un vol qui venait d'être annulé pour cause de tempête sur tout l'est des USA. Je me suis évidemment immédiatement blamée de ne pas avoir vérifié la météo avant de partir et j'ai attendu que l'on m'assigne une place sur un vol ne partant que 12 heures plus tard. J'ai donc passé la journée à Trudeau à tourner en rond à regarder les gens fairent leurs adieux et à dépenser mon fric de voyage en cafés pas bons et en sandwichs trop chers jusqu'à ce que mon nouveau vol me transporte jusqu'à Miami où je suis arrivée si crevée que j'ai gardé mon manteau d'hiver jusqu'à ce que mon ami me fasse remarquer qu'il faisait maintenant 30 degrés et non -40.
J'ai passé 10 superbes journées à me la couler douce et à refaire le plein d'énergie. Comme je suis actuellement un programme d'acupuncture auquel je tiens énormément et que mon ami n'avait pas réservé de date de retour, j'ai du bataillé pour obtenir un billet de pour y être de retour à temps et surtout qui ne m'occasionnerait pas de trop de frais supplémentaires à cause de la semaine du spring break qui allait suivre. Après avoir poireauté sur la ligne plusieurs heures, j'ai réussi à me trouver un place pour le lendemain.
Afin de ne pas faire de faux-départ comme 10 jours plus tôt, j'ai pris soin de vérifier la météo de Philadelphie avant de partir malgré l'oeil sarcastique de mes hôtes me prenant pour une parano finie. Le début du weekend du spring break avait déjà plongé l'aéroport de Fort Lauderdale dans une fébrilité toute juvénile qui a de beaucoup diminué l'effet qu'aurait du produire l'annonce du retard de mon vol et sa probable annulation pour cause de tempête. Après avoir consulté l'agente au comptoir qui m'a assuré que ça devrait aller, j'ai décidé de prendre quand même ce vol même si j'avais le mauvais pressentiment qu'il ne m'amènerait pas chez-moi.
Une fois dans les airs, au bout d'une heure d'avertissements de rester assis et attachés et de chuchottements d'agentes de bord stressés, le pilote nous a annoncé que nous atterririons à Charlotte en Caroline du Nord puisque l'aéroport de Philadelphie venait de fermer. Malgré l'énervement généralisé j'ai gardé mon calme en me disant qu'on me mettrait surement rapidement sur un vol pour Montréal. Dès que l'avion s'est posé, la plupart des gens ont commencé à faire des réservation d'hôtel et des appels aux gens les attendant pour leur dire de les oublier pour le weekend, mais je suis quand même restée confiante que tout irait bien pour moi.
Nous sommes sortis de l'avion sans indications précises pour nous dire où nous rendre pour être assigné à un autre vol. Après avoir parcouru plus de la moitié de l'aéroport bondé de gens en détresse, j'ai finalement trouvé la file d'attente de bureau international de US Airways où l'on pourrait m'aider. La file était tellement longue que j'ai d'abord cru à une mauvaise blague et quand j'ai vu qu'elle venait de doublé 5 minutes après mon arrivée, j'ai décidé de ne plus bouger de là et d'attendre patiemment que mon tour vienne. J'ai donc attendu de 16 heures à 23 heures dans une file composée de gens affamés et anxieux et d'enfants en overdose de sucre après s'être envoyés tout ce que le comptoir de cochonneries avaient à leur offrir. L'agent qui m'attendait était tellement épuisé qu'il a mis un temps fou à m'expliquer que je ne pourrais pas rentrer à Montréal avant mardi. Comme l'idée de passer 4 jours à mes frais dans une ville aussi froide qu'inintéressante, j'ai fait la demande d'être retournée à Fort Lauderdale. L'agent a consenti à me trouver un billet, mais le vol n'aurait pas lieu avant le lendemain soir. Comme si les choses n'étaient pas assez critiques comme ça, leur système informatique a connu un bogue qui l'a empêché de m'imprimer une carte d'embarquement ce qui l'obliga à me faire un billet manuscrit d'une main tremblante et incertaine pendant qu'une latino à boutte lui gueulait des insanités. Ce billet non-officiel m'obligeait à me retaper une file le lendemain matin mais il me certifiait au moins que je n'aurais pas à me taper 4 jours dans cet aéroport.
Une fois mon billet empoché, je me suis dirigée dans la section des réservations d'hôtel prête mentalement à débourser 100$ pour un peu de paix et de repos. La fille d'attente pour le téléphone m'a vite fait comprendre que tous les hôtels des alentours étaient pleins à craquer et que l'attente pour un taxi était d'environ 2 heures.
Comme j'avais pressenti ce contre-temps et que je n'ai rien fait, je me suis reprochée de m'être foutu dans le pétrin en me disant que tout çela aurait pu être évité si j'avais annulé mon vol du matin et que j'étais restée chez mon ami. J'ai profité de l'offre de téléphone d'un Québecois avec qui j'ai fait la file pour appeler ma mère pour lui dire de ne pas m'attendre en essayant de ne pas trop sombrer dans le pathétique pour ne pas l'inquiéter.
Comme je n'étais pas trop d'humeur à vivre ce drame en groupe, j'ai essayé de me séparer de mon nouvel ami et d'un couple s'étant greffé à lui en leur expliquant que j'avais besoin d'être seule avec mon lecteur mp3 et mon lunch au bord de la putréfaction. Ils m'ont quitté en me trouvant bizarre, mais ils sont vite réapparus pour me tenir compagnie alors que je commencais à manger et à accepter la situation. Quand j'ai vu que ça me demanderait plus d'efforts de les fuir que de les accepter, j'ai consenti à rester avec eux même si leurs commentaires me rappelaient sans cesse que je devrais encore passer plus de 18 heures dans cet aéroport.
Nous nous sommes ensuite promenés en vue de trouver un endroit pour se poser pour la nuit, même si le plancher inacceuillant était déjà couvert au 3/4 de gens somnolents. Une porte avec un l'insigne Church a piqué notre curiosité. Cette pièce dédiée aux religieux de tout accabit ayant peur de l'avion nous a permis de se couper du drame avoir et de passer une nuit presque normale sans craindre de se faire piétiner. Je fus étonnée que personne ne se pointe au cours de 7 heures belles heures où j'ai dormi comme un bébé. Cette pause m'a presque donnée envie de croire en Dieu!
Le matin venue, nous sommes allés faire la file pour obtenir nos cartes d'embarquement. Sceptique jusqu'au moment où l'agent me la remette, j'ai sauté de joie en ayant finalement la confirmation que je pourrais sortir de ce bourbier alors que bien d'autres y passeraient encore quelques jours. Ma joie m'a permise de trouver une façon diplomatique de réclamer ma solitude et de séparer des nouveaux amis sur une note positive.
Même s'il me restait encore bien des heures d'attentes devant moi, cette victoire m' a tout fait oublié et j'ai passé une super journée à me taper des cafés starbucks à lire le NYTimes en regardant avec compassion les jeunes gens privés de springbreak fondrent en larmes et à discuter avec des gens d'un peu partout.
A l'arrivée à Fort lauderdale, mon sac n'étant pas là, j'ai du me taper la file des bagages perdus après avoir tenté en vain de le trouver dans les montagnes de valises disposées un peu partout dans l'aéroport. Un autre bogue informatique empêcha l'agent de localiser mon sac. Cet impromtu m'a obligé à emprunter des vêtements à la copine de mon ami qui a eu tout le mal du monde à me trouver un bikini et des shorts, étant peu portée sur les plaisirs du soleil. Mon accoutrement un peu loufoque ne m'a pas empêché d'aller me ballader en vélo o;u je suis tombée sur une vente de garage tenue par un couple désespéré par l'absence de clients. La dame hyperactive m'a fait don de quelques t-shirts avant de m'inviter à visiter son jardin. Je l'ai suivi jusque dans sa cour où se cotôyaient une colonie de poissons, de tortues sous la supervision d,un hamster ankylosé. Je l'ai ensuite suivie dans sa maison où elle m'a fait écouté 3 disques, montré les cendres de sa défunte mère avant de me faire visiter sa chambre où j'ai pu voir que l'énergie de la dame provenait de l'effet de la poudre blanche mixée à la vodka jus d'orange.
Ross son mari, visiblement dans le même état festif que sa compagne m'a offert un verre que j'ai décliné. Pour meubler la conversation, je lui ai raconté mon épisode à Charlotte sans me douter que mon récit donnerait envie à sa compagne de me fournir en vêtements. En l'espace de 10 minutes, sa Sherry m,a sorti une garde-robe complète de vêtements affreux mais à ma taille. J'ai pris ce qu'il me fallait avant de les laisser dans leur délire post-St-Patrick et en leur promettant de leur envoyer une carte postale.
Même si cet épisode m'a donné sérieusement goût de ne jamais revenir ici et de passer mes journées avec Sherry et Ross à me boire de la vodka et à jouer au ping-pong, j'étais quand même déçue de ne pas pouvoir aller à mon rendez-vous d'acupuncture. J'ai appelé la secrétaire pour l'informer de mon impossibilité pour apprendre que je ne figurais tout simplement pas à liste des patients de ce jour et que la secrétaire qui était de service lors de mon dernier rendez-vous avait quitté sa job en catastrophe sans prendre la peine de mettre l'horaire à jour. Encore une fois, je n'ai pu m'empêcher de me culpabiliser en me disant qu'à Québec il faut toujours vérifier 3 fois plutôt qu'une et que si j'avais été au courant de cette annulation je n'aurais jamais passé cette nuit à Charlotte, mais je me suis vite ravisée d'arrêter cette vaine tentative de rétroactivité et j'ai ri en pensant à tout ce que je n'aurais jamais le temps de dire à mon psychiatre pour lui faire comprendre que pour moi les détails font toute la différence!