Saturday, April 28, 2007
Thursday, April 26, 2007
Nashville
Même si je ne peux pas me considérer comme une grande connaisseuse de l'œuvre de Robert Altman j'ai été énormément attristée par sa disparition en novembre dernier. Ce réalisateur si prolifique semblait vouée à la vie éternelle tellement ses productions se succédaient sans ralentissement ni perte d'inventivité. Si la possibilité de nouvelles réalisations est maintenant nulle, Altman a laissé derrière lui une œuvre si grande et si riche que j'ai suffisamment de matériel pour oublier ma peine pendant encore plusieurs mois. Comme je n'ai pu assister à la rétrospective organisée par la Cinémathèque plus tôt cette année, j'ai décidé de me faire ma propre rétrospective-Altman que j'ai débuté par le visionnement de Nashville.
Ce film réalisé en 1975 se passe dans cette ville-phare de la musique country qui en est pleine campagne électorale. Le film repose avant tout sur les rencontres entre divers personnages qui vivent ou sont amenés à passer par Nashville que sur une histoire linéaire. Si certains sont là pour percer dans l'industrie, d'autres pour rencontrer des stars ou organiser la campagne électorale, tous se verront bientôt réunis par le grand spectacle tenu en l'honneur d'un des candidats aux élections qui tournera au drame.
Comme bien des films d'Altman, Nashville contient un casting aussi large qu'impressionnant même pour ceux qui se croient insensibles aux stars. A une brochette d'acteurs et d'actrices m'étant inconnues, Altman incorpore Geraldine Chaplin en reporter de la BBC, Shelley Duval (la maigrichonne Wendy du Shining de Kubrick) en groupie professionnelle de même que de courtes apparitions de stars tel qu'Elliot Gould et Julie Christie qui étaient réellement de passage par Nashville au moment du tournage. Ces caméos ajoutent beaucoup au côté happening et spontané de cette histoire musicale.
Comme l'histoire se passe dans la capitale du country, la musique y joue un rôle si fondamental qu'il est presque nécessaire d'avoir un minimum de sympathie pour ce type de musique sinon vous risquez de trouver le temps bien long. Nashville repose sur la multitude de trames dramatiques amenées par la quête de chaque personnage qui se superposent pour peu à peu se confondre au fil du film. Les dialogues incessants et décousus, les paroles de chansons et les messages de la campagne électorale s'entrecroisent et se superposent pour former une trame sonore qui peut parfois créer de la confusion mais qui enlève toute possibilité d'ennui. Une analyse sérieuse d'un certain Rick Altman de l'université de l'Iowa me confirme les 24 personnages de l'histoire correspondraient au 24 pistes des méthodes d'enregistrement de musique en studio. Ce film s'avère donc être un véritable exercice formel visant à donner une tridimensionnalité à la bande-son. Cette pratique est perturbante car elle est tout le contraire de la méthode hollywoodienne qui a nous habitué à n'entendre qu'un personnage à la fois.
La réalisation Altman est si fluide et naturelle qu'on oublie à quel point l'orchestration de tous ces minis-événements n'a rien de simple. Altman a un sens si aigu des détails qu'un seul visionnement s'avère insuffisamment pour apprécier toute la richesse de sa mise en scène. Au lieu de piger dans le répertoire country déjà existant, Altman a créer de toutes pièces un répertoire de chansons souvent écrites par les acteurs eux-mêmes qui ressemblent à bien des hits préexistants mais qui collent mieux au côté pince-sans-rire du film.
Sans en faire un document touristique sur la ville, le film de Altman a aussi le mérite de nous faire découvrir de plus près l'institution du Grand Ole Opry de même que les chants Gospel de la communauté noire de cet état du sud des États-Unis pas trop réputée pour son ouverture d'esprit. La rencontre de ces deux genres musicaux clôt le film sur une note particulièrement optimiste malgré la gravité des événements.Sans chercher à trouver une interprétation à ce film qui n'a pas besoin d'analyse pour s'imposer, Altman montre par ce film que l'art est le meilleur moyen de rendre hommage à la complexité de la vie et qu’il est possible de créer de la beauté même avec les situations politiques exaspérantes. Comme les choses ne se sont pas vraiment améliorés depuis ce temps, ce film demeure un excellent antidote au négativisme causé par la politique américaine actuelle qui redonne envie de croire au potentiel de notre voisin du sud.
Tuesday, April 17, 2007
La bonne nouvelle
Thursday, April 12, 2007
Un avant-goût de l'enfer
Dans un style très direct et sans fioritures, le film est axé sur des individus qui vivent en compagnie d'animaux avec qui ils vivent des relations si intimes que l'on se sent vite voyeur et de trop. Même si on a vu de nombreuses fois dans notre vie des propriétaires de chiens discuter avec leur protégé, cette vision devient vite perturbante lorsqu'on comprend que l'animal est traité comme une possession qui comble une carence affective importante et aide à tempérer les diverses frustrations de la vie. Même si l'on ne sait très peu de choses de ces gens, l'environnement dans lequel ils vivent a tout pour indiqué qu'ils ne sont pas exactement équilibrés et que le sort est à envier. L'un d'eux qui dit avoir été trouvé bébé dans une décharge publique. Ce dernier mendie en compagnie d'un petit lapin qu'il utilise pour gagner la sympathie des gens qui aiment les animaux. Si ce n'est d'un couple d'échangistes maigrichons et impudiques, les autres n'entretiennent pas de relation affective et sont hantés par le départ d'un autre qui les a blessé et semblent avoir trouvé en leur animal de compagnie une façon d'avoir de l'affection et de la compréhension. Ce choix n'est pas mauvais en soi, mais quand on voit la piètre condition de leur environnement et de leur santé, on ne peut pas s'empêcher d'y voir la détresse de l'homme moderne qui n'est plus capable de s'occuper de lui-même et qui fait vivre cette situation à un animal.
Même si le réalisateur clame que son film ne se veut pas critique sociale, il est difficile de pas conclure devant ces scènes désolantes qu'il ne tente pas de nous montrer que quelque chose ne tourne pas rond dans notre civilisation qui semble donner plus d'attention aux animaux qu'aux hommes. Même si le film a toutes les apparences d'un documentaire, il est plutôt un fin alliage d'acteurs non professionnels et d'un réalisateur qui sait les mettre si à l'aise avec la caméra que le malaise du spectateur est inévitable. Il est étonnant que des gens aient accepté de se donner à un point où l'on se demande s'ils ont conscience de la présence d'une caméra ou s'ils sont conscients tout court.
Même si le film est loin d'être parfait, Seidl démontre qu'il est un fin-observateur et surtout un habile metteur-en-scène. Il parvient à mettre en scène l'intimité de des gens pour qui la vie semble s'être figée dans le malheur et l'isolement. La présence des animaux permet à ces personnes d'extérioriser leur malheur et nous oblige à nous questionner sérieusement sur l'état actuel de notre belle condition humaine.
Même avec la plus grande ouverture d'esprit du monde Animal Love est une expérience perturbante qui m'amènera à prendre plus au sérieux Herzog. Sa citation sur la pochette du DVD dit qu'il n'avait eu de sa vie une vision aussi directe de l'enfer. Je peux confirmer qu'il ne s'agit pas d'une autre exagération Herzogienne!