Friday, April 06, 2007

Sainte nuit

Le retour de la neige donne plus l'impression d'être en plein congé de Noël plutôt qu'au dernier weekend du carême des catholiques qui a débuté en même temps que la campagne électorale mais qui a eu beaucoup moins de couverture médiatique...
En ma qualité d'autiste déconnectée de la réalité qui essaie de se soigner, j'ai un peu hésité avant de louer Ma nuit chez Maud de Rohmer croyant que ce film me ferait replonger dans la nostalgie d'une période que je n'ai pas connue pour me rendre encore plus décalée de mon temps. Eh ben, imaginez-nous vous donc qu'en plus de me faire passer un plus qu'agréable moment de prise de tête hygiénique, Rohmer a réussi à rendre une réflexion sur l'engagement amoureux et la religion aussi intéressante qu'actuelle en cette période de congé pascal qui m'a fait sentir un peu plus près de ces gens qui pleurent la mort de leur sauveur. Même si le catholiscime a perdu bien des plumes depuis le temps, son influence se fait encore sentir dans notre société séculière. La preuve, beaucoup d'entre-nous se retrouvent en congé aujourd'hui pour souligner la crucifixion d'un type nommé Jésus Christ.
Jean-Louis incarné par Jean-Louis Trintignant travaille pour la compagnie Michelin qui vient de le muter dans son usine de Clermont-Ferrant où il ne connaît personne. Habitué à la vie de solitaire, il se distrait en faisant des mathématiques et en relisant Pascal sans manquer de fréquenter la messe car évidemment il est catholique pratiquant. Le film s'ouvrant sur un sermon de prêtre m'a donné l'impression de m'être trompée de dvd tellement il m'était impossible d'envisager qu'un réalisateur aussi français que Rohmer puisse faire de la religion une partie aussi intégrante que fondamentale d'un conte moral axé sur un jeune homme aussi séduisant et dans le vent que Jean-Louis Trintignant.
Le côté solennel de l'assemblée ne l'empêchera pas d'avoir un coup de foudre pour Françoise, une jolie ouaille qui étudie la biologie. Un changement à sa trajectoire habituelle fera qu'il tombera sur Vidal, un ancien collègue de lycée qui habite les environs. Ensemble ils parleront de Pascal afin de reprendre contact et redéfinir leurs croyances respectives. Comme ils se trouvent tous deux seuls pour la période de Noël, Vidal lui présentera Maud, une séduisant jeune divorcée qui a tout pour plaire à Jean-Louis mais qui ne parviendra pas à lui faire oublier la belle blonde croisée à la messe. Contraint de passer la nuit chez elle, Jean-Louis succombera aux charmes de la brillante aguicheuse pour en sortir encore plus lucide quant au sérieux de son désir d'union avec Françoise.
Cette nuit qui sera sa dernière nuit d'homme célibataire sans attaches débouchera sur une union fidèle à ses principes catholiques qu'il a suffisamment outre passés dans son ancienne vie. Même si le film ne se veut pas un pamphlet catholique, Rohmer lui redonne ses lettres de noblesse en le représentant avec un homme aussi brillant et articulé que Jean-Louis. Ce qui est selon moi un tour de force, considérant toutes les absurdités que ce dogme religieux comporte.
Ma nuit chez Maud montre bien qu'un réalisateur talentueux peut rendre n'importe quel sujet intéressant. Ce film riche en réflexions et en délicieuses prises de têtes a bien aéré mon esprit un peu blasé par la platitude de ce lent début de printemps et m'a presque donné envie d'aller à la messe à la rencontre d'un catholique célibataire qui relit Pascal et s'adonne aux mathématqiues dans ses temps libres même si je crains fort que ce type de personne existe vraiment!

1 Comments:

Blogger Clifford Brown said...

Tu te fatiguerais vite avec un lecteur de Pascal. Par contre, je m'imagine très bien te rendant visite à Cuba et aller jouer au golf en fumant des cigares avec ton mari Pedro Juan Gutierrez. Abelardo, son cousin insoupçonné, ferait un beau caddy !

7:38 PM  

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