Thursday, April 12, 2007

Un avant-goût de l'enfer

Même si je ne m'attendais à un feel good movie sur les rapports humains-animaux, je dois admettre que le documentaire Animal Love de Ulrich Seidl a donné un sérieux coup à ma vision déjà pas très reluisante de l'humanité. Même si le titre peut faire référence à la sexualité bestiale, rassurez-vous ce film ne contient aucune scène graphiquement condamnable, mais il est quand même une expérience cinématographique éprouvante que la plupart des gens interromprait avant la fin. Comme l'expérience Dogdays était toujours fraîche dans ma mémoire quand j'ai pris la décision de louer ce film, j'ai assumé mon choix jusqu'à la fin même si certaines scènes étaient à la limite du supportable.
Dans un style très direct et sans fioritures, le film est axé sur des individus qui vivent en compagnie d'animaux avec qui ils vivent des relations si intimes que l'on se sent vite voyeur et de trop. Même si on a vu de nombreuses fois dans notre vie des propriétaires de chiens discuter avec leur protégé, cette vision devient vite perturbante lorsqu'on comprend que l'animal est traité comme une possession qui comble une carence affective importante et aide à tempérer les diverses frustrations de la vie. Même si l'on ne sait très peu de choses de ces gens, l'environnement dans lequel ils vivent a tout pour indiqué qu'ils ne sont pas exactement équilibrés et que le sort est à envier. L'un d'eux qui dit avoir été trouvé bébé dans une décharge publique. Ce dernier mendie en compagnie d'un petit lapin qu'il utilise pour gagner la sympathie des gens qui aiment les animaux. Si ce n'est d'un couple d'échangistes maigrichons et impudiques, les autres n'entretiennent pas de relation affective et sont hantés par le départ d'un autre qui les a blessé et semblent avoir trouvé en leur animal de compagnie une façon d'avoir de l'affection et de la compréhension. Ce choix n'est pas mauvais en soi, mais quand on voit la piètre condition de leur environnement et de leur santé, on ne peut pas s'empêcher d'y voir la détresse de l'homme moderne qui n'est plus capable de s'occuper de lui-même et qui fait vivre cette situation à un animal.
Même si le réalisateur clame que son film ne se veut pas critique sociale, il est difficile de pas conclure devant ces scènes désolantes qu'il ne tente pas de nous montrer que quelque chose ne tourne pas rond dans notre civilisation qui semble donner plus d'attention aux animaux qu'aux hommes. Même si le film a toutes les apparences d'un documentaire, il est plutôt un fin alliage d'acteurs non professionnels et d'un réalisateur qui sait les mettre si à l'aise avec la caméra que le malaise du spectateur est inévitable. Il est étonnant que des gens aient accepté de se donner à un point où l'on se demande s'ils ont conscience de la présence d'une caméra ou s'ils sont conscients tout court.
Même si le film est loin d'être parfait, Seidl démontre qu'il est un fin-observateur et surtout un habile metteur-en-scène. Il parvient à mettre en scène l'intimité de des gens pour qui la vie semble s'être figée dans le malheur et l'isolement. La présence des animaux permet à ces personnes d'extérioriser leur malheur et nous oblige à nous questionner sérieusement sur l'état actuel de notre belle condition humaine.
Même avec la plus grande ouverture d'esprit du monde Animal Love est une expérience perturbante qui m'amènera à prendre plus au sérieux Herzog. Sa citation sur la pochette du DVD dit qu'il n'avait eu de sa vie une vision aussi directe de l'enfer. Je peux confirmer qu'il ne s'agit pas d'une autre exagération Herzogienne!

2 Comments:

Blogger Clifford Brown said...

Sacré Werner !

Seidl a fait de fichus bons documentaires, et la plupart d'entre eux sont disponibles à la Boîte Noire. Je vais bien finir par aller les chercher. Celui sur les échangistes allemands a l'air bien juteux !

5:40 PM  
Blogger Mc BrutaLLL said...

échangistes allemands ? Ouais .. Où ça ?!!!

Pis PMS, qu'en est-ce que tu te poignes un chien? :):):)

10:13 PM  

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