Thursday, January 11, 2007

Solaris prise 2

En 2002, 30 après Tarkovski, Steven Soderbergh réalisait sa version de Solaris. Même si le film ne se veut pas un remake du film, mais plutôt une nouvelle adaptation du best-seller de Stanislaw Lem, il est difficile de ne pas faire de comparaison avec le chef-d'oeuvre du réalisateur russe.
Cris Kelvin, un psychologue est chargé de rejoindre une mission explorant Solaris afin de convaincre les membres de l'équipage de revenir sur terre. Une fois sur les lieux, il retrouvera sa femme pourtant décédée quelques années auparavant. Même s'il sait qu'elle n'est qu'une matérialisation d'un souvenir issu de son subconscient, il est tenté de rester sur Solaris avec elle, mais devra se plier aux ordres. Il reviendra sur terre transformé par cette expérience qui changera sa vie à jamais.
je vous épargne des détails plus techniques de l'histoire, car même si le film de Sodenbergh a toutes les caractéristiques (irritantes selon moi)d'un film de science-fiction il s'agit avant tout d'une histoire d'amour. Chris Kelvin semble condamné à vivre avec le souvenir de cette femme qu'il a aimé car il se sent coupable de son suicide. Pour chacun des membres de l'équipage, Solaris permet la matérialisation des souvenirs les plus persistants de leur subconscient. Même si ce phénomène leur permet de mieux se connaître, il a aussi le triste pouvoir de les rendre fou et de les pousser au suicide.
Si Tarkovski utilisait ce voyage pour rendre hommage à la beauté de la terre, Sodenbergh a bâti une réalité plus technologique se déroulant dans un futur aseptisé où la beauté tient plus à la poésie et aux rapports amoureux qu'à la nature. Il donne une importance particulière à la poésie de Dylan Thomas à laquelle les 2 protagonistes semblent particulièrement attachés de même qu'à leur passion charnelle qui donnera lieu à des scènes de sexe torride où l'on pourra admirer le sympathique fessier de Monsieur Clooney. J'arrête ici la comparaison avec Tarkovski par respect pour ce réalisateur.
Même si Sodenbergh fait partie des réalisateurs américains au style vraiment personnel, son Solaris sonne terriblement faux et platement technique. Même s'il intégre la poésie de Thomas, sa mise en scène n'a rien de très poétique. Même s'il est moins froid et plus dynamique que le film de Tarkovski, les technicalités de la mission deviennent vite ronflantes et nul fessier si musclé soit-il ne saura rendre l'expérience moins décevante.
L'auteur de Solaris a accusé Tarkovski d'être passé à côté des profondes questions morales de son oeuvre et d'avoir transformé son histoire en Crime et Châtiments de l'espace. Suivant les conseils de son médecin, Lem a refusé de voir la version de Sodenbergh. Je crois aussi qu'il a bien fait de s'abstenir sans quoi il n'aura peut être pas survécu jusqu'au 27 mars 2006.

1 Comments:

Blogger Clifford Brown said...

Bizarre tous ces morts que tu évoques. Ferais-tu une fixation ?

Quant à Soderbergh, je me faisais jadis un devoir de voir tous ses films, mais au rythme où il tourne, j'ai perdu le fil - et le nord !

4:32 PM  

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