Saddam et moi
Vous êtes sans doute tous déjà au courant que Saddam Hussein a été pendu ce matin pendant que nous dormions à poings fermés y compris George Bush qui se serait quand même mis au lit après avoir eu la confirmation de son éxécution imminente. J'ai lu que la seule autre personne informée était Dieu et comme il n'existe pas pour bon nombre d'entre-vous alors on peut dire que Bush supporte bien la pression et que l'éxécution d'un dictateur mégalomane ne l'empêche pas de dormir.
Ceci dit, comme très peu de personnes me lisent, je me permettrai encore aujourd'hui de faire des liens entre mes expériences personnelles et l'actualité.
Comme beaucoup, j'ai appris l'existence de ce dictateur lors de la guerre du Golfe alors que j'étais étudiante dans une école privée plus portée sur la guerre des Gaules que sur l'actualité occidentale. Avec quelques-unes de mes collègues, nous avions même quitté illégalement l'école pour aller se joindre aux manifestants devant le parlement. Je n'étais pas particulièment politisée mais quand même consciente que les injustices se devaient d'être dénoncées, mais la direction n'a pas cru une seconde à mon désir de paix et elle m'a donné une autre retenue après les heures de classe de même qu'une note que je devais faire signer à mes parents que j'ai du signé moi-même pour ne pas que ma mère me raconte encore une fois sa participation aux manifestations contre la guerre du Vietnam...
Les années qui ont suivies m'ont fait perdre Saddam de vue de même que l'actualité en général dont je me suis désintéressée pour des raisons de désillusion teintée de paresse intellectuelle et d'autisme cégépien et universitaire. Une belle nuit de canicule estivale, je l'ai retrouvé dans le film de South Park. Formant un couple avec le diable en personne, Saddam est un délirant obsédé sexuel qui fait soufrir le pauvre diable car il ne lui fait pas attention à ses besoins de communication et de tendresse.
Et puis, le 11 septembre 2001 l'a ramené sur la map. Même s'il n'était pas relié à l'organisation terroriste Al Qaeda, les États-Unis ont fini par trouver un prétexte pour lui faire la guerre. L'invasion irakienne a commencé en mars 2003 alors que j'étais de passage à NYC chez un ami qui avait CNN où j'ai pu suivre dans les détails du début de l'opération sans jamais me douter que 3 ans plus tard, la situation irakienne demeurerait catastrophique.
Un autre séjour à New York coïncida avec un autre moment-clef de l'histoire de Saddam. Quelle que fut pas ma surprise en allant chercher le NYtimes de voir le visage fatigué du dictateur déchu que l'on venait capturé près d'un an après avoir renversé le régime. Comme le dit si bien Elvis gratton, ils l'ont l'affaire les américains et en matière d'informations spectacles, ils sont durs à battre. Chacune des publications offraient des pages couvertures bien tape à l'oeil afin que même que le plus illettrés comprennent que quelque chose de très important venait de se passer. CNN passait en boucle, le check-up médical de Saddam de même que le trou où il se cachait avec son revolver. (revolver que Bush a lui-même en sa possession)
Enfin bref, je peux dire que j'avais encore l'impression d'être au bonne endroit pour sentir l'engouement d'une telle capture sur laquelle personne ne peut être insensible.
Ce 30 décembre 2006 marque la fin de ma relation avec ce personnage de l'histoire car il n'est plus de ce monde. Comme sa mise à mort ne règle rien du tout et qu'elle risque même d'envenimer la situation en Irak, les réjouissances risquent d'être plutôt rares, puisqu'il y a longtemps que Saddam n'a plus du tout rapport avec la guerre foireuse. Sa mort vient faire tomber l'illusion qu'en attrapant le méchant et en le tuant tout irait bien. Cet événement permet de réaliser que les choses ne sont pas si simples en Irak et que l'on est peut être mieux de ne pas se mêler d'un conflit dont on ne comprend même pas les enjeux. Mais bon, comme il est trop tard, les Américains vont devoir essayer de recoller les pots cassés et tenter de soutenir l'intérêt du peuple même si le personnage emblématique du méchant n'est plus. Pour moi et bien d'autres, la guerre en Irak vient de se transformer aujourd'hui en une masse anonyme, informe difficile à suivre pour laquelle la personne de Saddam servait de triste référence.
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