Saturday, January 27, 2007

Don Quichotte de la banquisa

Comme me le rappelait ironiquement mon plus fidèle correspondant de la métropole, le Vieux-Québec est vraiment un choix de relocalisation lumineux pour une fille allergique aux foules. L'autiste que je suis vient de réaliser Le Carnaval de Québec et ses festivités troubleront ma paix jusqu'au 11 février. Tout a commencé hier soir, lorsque les fenêtres de mon appartement se sont mises à vibrer au son des succès du groupe les Respectables. La ville pullule aujourd'hui de familles se déplacant difficilement en habits de neige testant la puissance de leurs trompettes. Que ça me plaise ou non, je dois me faire à l'idée que mon quartier est en fête et que les risques de me faire renverser par un traîneau à chien quand je vais chercher mon journal seront très élevés pour les 2 prochaines semaines.
Jusqu'à cette semaine, je n'étais pas très familière avec l'histoire de Don Quichotte mais le film de Orson Welles m'a permis de le faire et de tomber sous le charme de ce chevalier errant qui ne saurait plus où donner de la tête s'il se retrouvait dans le Vieux-Québec en ce moment. Ce film débuté en 1955 n'a jamais pu être terminé par Welles qui considérait ce film avant tout comme un exercice personnel plutôt qu'un film à visée commerciale. Cette version est sortie en 1992 grâce à l'initiative de Jess Franco, un ancien assistant du maître. Tourné en espagnol, le film est doublé dans un anglais bien articifiel mais qui n'enlève rien au traitement que Welles donne à ce classique. Le casting est particulièrement fascinant. Francisco Reiguera, l'acteur interprétant le chevalier illuminé est d'une maigreur et d'une expression faciale si surréaliste qui vaut à lui seul ce visionnement. Sa mort en 1969 est une des causes qui ont empêché Welles de terminer son film.
Même sans n'avoir jamais lu le classique de Cervantes, nous avons tous une idée générale du personnage de Don Quichotte. Autiste et rêveur, il mène une vie de chevalier errant du Moyen-Age en interprétamt à sa guise la réalité qui l'entoure. Les progrès technologiques et les ressemblements sont interprétés comme des menaces qu'il tente d'enrayer en vain, mais sans perdre espoir de finir ses jours avec la belle Dulcinéa qui n'existe pas plus qu'elle ne sait qu'il existe. Enfin bref, Don Quichotte est un belle exemple de mythomane mésadapté. La chute dans la démence de ce nerd légendaire aurait été causée par une surdose d'histoires de cap et d'épées.
Même si sa version est jugée trop éloignée du projet initial du maître, Jess Franco a réussi à faire un film cohérent avec le matériel de Welles en plus de l'intégrer dans le film dans son propre rôle de réalisateur américain amateurs des charmes hispaniques. Cet ajout donne un intéressant aspect documentaire à cette pure de fiction qui restera pertinente tant que le monde sera monde. Cette histoire rappelle que même s'ils ne semblent pas contribuer au bon fonctionnement de la société, les mésadaptés sont nécessaires aujourd'hui plus que jamais car il rappelle que le rêve et l'imagination sont d'excellents moyens de transformer la réalité et de ne pas sombrer dans la mauvaise humeur. Moyens que je compte bien utiliser pour les 2 prochaines semaines à défaut de pouvoir m'exiler dans un pays au climat plus décent.

1 Comments:

Blogger Clifford Brown said...

Jess Franco est un génie !!

J'avais entrepris la lecture de DON QUICHOTTE ilo y a quelques années, mais mon habitude de ne jamais terminer mes projets de longue haleine a pris le dessus et j'ai dû m'arrêter au milieu du premier tome.

Un jour, je m'y relancerai... le bouquin me nargue du haut de son étagère.

Et un jour, je visionnerai mon DVD de ce film, désespérément commandé d'Espagne il y a quelques années quand j'ai appris sa sortie.

Je dois aussi être, dans mon genre, un bel autiste !

7:53 PM  

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