Thursday, January 18, 2007

Demented for ever

Même si je souffre de la piètre qualité de la vie culturelle de Québec, je dois reconnaître que ce vide me permet de faire du rattrapage cinématographique sans avoir constamment l'impression de rater quelque chose ou de perdre mon temps.
Cette semaine, j'ai fait un retour de 56 ans dans le temps et j'ai finalement regardé Sunset Boulevard, film que j'avais l'impression de connaître tellement j'en avais entendu parlé, mais qui m'a tout de même étonné par sa puissance dramatique et sa critique du milieu cinématographique hollywoodien. Même s'il a été filmé en 1950, ce film est plus actuel que bien des productions du moment tout en ramenant au coeur du fonctionnement de la machine hollywoodienne.
Un scénariste qui a des problèmes financiers se fait employé par une ancienne star du cinéma muet qui veut effectuer un retour au cinéma avec un scénario qu'elle a elle-même écrit. Comme cette dernière vit à l'écart du monde, elle fait tout pour que cet homme reste auprès elle et qu'il ne manque de rien. Devenu gigolo malgré lui, il consentira à devenir le co-scénariste et l'homme de compagnie de cette star déchue qui vit dans l'illusion d'un retour triomphal et attendu même si tout le monde vit très bien sans elle.
Ses nombreux contacts nous permettront de rencontrer les grands noms des débuts d'Hollywood. Eric von Stroheim est son majordome, Buster Keaton un partenaire de bridge et Cecil B. DeMille, un des rares a être encore artistiquement actif, en qui elle voit le réalisateur de son oeuvre.
Le film nous donne l'occasion de voir ces stars déchus en même temps que de réaliser à quel point la fascination pour les stars ne datent pas d'hier. Nul besoin d'être un groupie d'Hollywood pour apprécier son film qui étonne par son humour noir et sa lucidité. Ce visionnement permet de mieux saisir l'importance qu'a eu ce film dans l'histoire du cinéma de même que l'influence qu'il a eu sur David Lynch plus particulièrement dans Mulholland Drive et à mieux comprendre pourquoi John Waters a intitulé son ode au cinéma libre Cecil B. Demented.
Sunset Boulevard met au grand jour l'envers poussièreux du décor d'Hollywood. Ce portrait loin d'être élogieux mais permet de mieux comprendre les rouages de cette industrie qui élimine ceux qui refusent de jouer son jeu. Le rapport entre la fiction et la réalité est particulièrement intéressant dans ce film car la vie des acteurs est souvent très proches de celles de leurs personnages. Gloria Swenson qui incarne la star déchue était elle-même une has been qui avait fait ses débuts comme figurante dans les films de Mack Sennett et connu la gloire dans des productions dirigées par Von Stroheim et De Mille, Eric von Stroheim a lui aussi connu les grands jours du cinéma muet était alors redevenu un simple acteur, même chose pour Buster Keaton qui avait quitté le cinéma 15 ans plus tôt pour se retrouver dans un hôpital psychiatrique.
Même si l'on peut vivre sans ce film, je crois qu'il permet de mieux comprendre la folie des grandeurs et les origines de cette industrie qui fait toujours rêver la moitié de la planète et qui donne un mauvais nom au cinéma depuis trop longtemps!

1 Comments:

Blogger Mc BrutaLLL said...

Les rapprochements avec Lynch sont très exactes.
Dans le même genre,mais en plus drôle, il ya chantons sous la pluie qui est un de mes films favoris.
Si tu as été touchée par ce film, tu te dois de lire ( Le livre des illusions) de Paul Auster.

8:44 PM  

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