Histoires de QI
Je n'ai jamais très bien compris pourquoi Catherine Breillat tenait aussi fermement à défier les normes de la censure. Romance ne m'a pas particulièrement déplu, mais j'aurais pu me passer de l'explicité de certaines scènes. Mais je dois reconnaître que des images moins claires n'auraient surement pas créer créé en moi cette même sensation de malaise devant le badtrip d'une jeune fille traumatisée de vivre dans un monde où la bite fait la loi. Son copain refuse de la baiser, Rocco la baise mais ne l'aime pas, un autre lui fait connaître l'extase sans la toucher. Le sexe est central dans l'univers de Breillat et il est difficile de ne pas penser qu'elle cherche à régler ses comptes avec le machisme avec ses films.
Le visionnement de Sex is comedy m'a aidé à un peu mieux comprendre sa démarche car elle se met elle-même en scène par l'intermédiaire de Jeanne. Cette dernière est incarnée magistralement par Anne Parillaud qui se donne corps et âme pour le tournage d'une scène de dépucelage qu'elle veut grandiose. Le film s'attarde principalement à sa relation avec les acteurs avec qui elle entretient une relation amour-haine. Intense, obsédée et tyrannique, elle fait tout pour que ses acteurs recréent la scène qu'elle a imaginé et elle parvient à ses fins même si le processus est lent et parfois redondant.
La prothèse pelvienne que doit porter l'acteur représente un point important de l'histoire. Elle fera l'objet de nombreuses discussions avant d'être dévoilée à nos yeux. Même si la ressemblence avec une vraie est impeccable, nous ne ressentons aucun malaise à voir l'acteur complètement nu se promener sur le plateau la bite à l'air sur un plateau rempli de techniciens. Le malaise vient plus de sa façon tyrannique de diriger les acteurs et de les faire travailler la scène ad nauseam. La réalisatrice parle tellement que l'on a l'impression qu'elle se prend la tête pour rien et qu'elle ne sait pas où elle s'en va. Anne Parillaud est hallucinante dans ce rôle de créatrice fébrile, allumée et un tantinet déséquilibrée pour ne pas dire folle. On la suit sans trop comprendre pourquoi elle se démène autant pour cette scène de dépucelage, jusqu'à ce qu'elle parvienne à son but pour nous offrir une scène émouvante et intense qui sera bouleversante pour elle autant que pour le public.
Par ce film Breillat montre à quel point, la mise en scène d'une bonne scène d'intimité sexuelle est un art compliqué et très demandant pour les acteurs autant que pour la réalisatrice. Par ce film, elle justifie ses moyens et prouve qu'il serait injuste de réserver à ses films le même traitement offert aux films de cul réalisés à la va-vite dans un sous-sol de banlieue.
Même si elle enfreint plusieurs règles de la censure, Breillat est beaucoup plus une intellectuelle du cul qui sait attirer l'attention qu'une érotomane : En misant sur le sexe, elle a trouvé une façon efficace d'amener le public vers ses films un peu lourds mais très riches en réflexions.
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