Saturday, June 10, 2006

Le jour de la barbotte

Depuis que j’ai fait du vélo mon moyen de transport officiel au début du mois de mai, j'ai trop souvent l'impression de revivre la même journée désagréable. Ce qui ne semble pas être le fruit de mon imagination de névrotique douillette car même les Miss Météo de notre belle province ont l’air un peu découragée en ce moment. La combinaison grisaille, pluie, bouette, frette, stress de me faire rentrer dedans par un char m’amène le soir venu à poursuivre mon hibernation et à profiter du calme et de la chaleur de mon foyer pour regarder des films. Certains me font oublier la grisaille du quotidien alors que d'autres remettent le fer dans la plaie de mon négativisme et me montre qu’on a toujours besoin d’un plus pessimiste que soi pour mieux renouveler nos angoisses. Le film Le temps du loup de Haneke fait partie de cette catégorie.
Suite au meurtre de son mari, Anne (Isabelle Huppert) se retrouve seule avec ses 2 enfants dans un univers apocalyptique inexpliqué où rien ne va plus. Coincée dans cet enfer terrestre, elle prend refuge dans une gare où un groupe de personnes s'est abrité. En attendant un train qui pourrait les sortir leur permettre des sortir de cet impasse, ils forment une microsociété à l'équilibre fragile car chacun craint pour sa survie. Ils doivent marchander et faire preuve d’ingéniosité pour combler leurs besoins primaires tout en devant demeurer constamment sur leurs gardes pour ne pas se faire voler leurs biens ou se faire arnaquer par ceux qui profitent de la situation. Dans ce climat de fin du monde où chacun est prêt à tout pour survivre règne une tension terrible que certains ne supporteront pas. Cette situation extrême donne une version concentrée des côtés sombres de notre belle humanité. Je ne veux pas vous dévoiler la fin, mais Haneke nous permet de croire qu'il y a quand même une lueur d'espoir pour la race humaine, mais qu’il y a lieu de s’inquiéter.
Même si nous ignorons tout de la cause de cette situation critique, le film de Haneke nous propose un archétype des relations humaines en temps de crise qui peut nous aider à comprendre ce qu'ont vécu les victimes de catastrophes naturelles et ce qui risque de se produire si ces ressources dont notre survie dépend viennent à manquer. En créant une situation extrême, Haneke nous oblige à prendre conscience que l’homme redevient un animal lorsqu’il a peur et que malgré tous les progrès techniques que nous avons fait, nous ne sommes pas a l’abri de ce type de crise et des inégalités qui en découlent.
Le temps du loup est un film obscur et inquiétant. Je me suis vire retrouvée aussi désemparée que les protagonistes car la situation est un peu trop près de notre réalité pour que l’on se sente pas concerné.

En nous dressant ce tableau de l’humanité en déroute et en nous rappelant que l’homme est un loup pour l’homme, Haneke nous oblige à regarder la réalité en face et à remettre en question notre mode de vie qui nous mène tout droit vers ce type de faillite à laquelle personne n’est préparée. Ce film fait l'effet d’une douche froide plutôt désagréable, mais je peux vous dire qu’il raffermit le cerveau!

2 Comments:

Anonymous Anonymous said...

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4:04 AM  
Anonymous Anonymous said...

Very pretty design! Keep up the good work. Thanks.
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11:21 AM  

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