Tiens-toi bien après les oreilles à Mongola!
Depuis que j’ai été mise au courant de l’existence du film Tiens-toi bien après les oreilles à papa (Jean Bissonnette, 1971) par mon assistant et support thérapeutique, j’ai développé une fixation qui aura mis près de 3 ans à être soulagée. Cette expression que je n’ai jamais entendue auparavant m’a tout de suite mis en tête des images peu reluisantes et comme la thématique sexuelle a souvent été traitée au cours des années 70, je n’aurais pas été étonnée de tomber sur une histoire de cul bien grasse avec des scènes d’acteurs québécois faisant des choses pas trop catholiques de leur corps… Eh bien, non! Je vous le dit tout de suite ce film ne contient aucune scène de nudité ni allusion sexuelle visant à alléger l’existence du peuple québécois. Bien au contraire, ce film est un film hautement politique qui aurait intérêt à être projeté plus souvent!
Dominique Michel alias Suzanne Lambert n’en peut plus de son rôle d’employé modèle dans la compagnie d’Assurances Britannia où elle est sténographe. Sous-payée et coincée dans un poste de peu d’importance, elle décide du jour au lendemain de partir de chez ses parents, des bons québécois obéissants, de changer de look et de commencer à brasser la cage de son employeur pour revendiquer ses droits. Même si tout le monde est d’accord avec elle, bien peu la supporte. L’un d’entre eux Jacques Martin prend même un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues en redoublant d’ardeur pour aider son pauvre patron qui est au bord de la crise de nerfs depuis qu’un taux record de mortalité chez les assurés est en train de mettre la compagnie en faillite.
Même si l’histoire est un peu longuette et que la résolution de l’intrigue est très prévisible, ce film réussit à dresser le portrait peu reluisant de la situation des francophones et de leur langue tout en créant une comédie où l’on rigole bien. Dominique Michel est très convaincante dans son rôle de jeune femme qui ne vise un idéal que tout le monde se refuse préférant de ne pas risquer de perdre le peu qu’ils ont. Yvon Deschamps est cinglant dans son rôle de commis d’assurances/téteux de boss. Le rôle du patron est tenu par Dave Broadfoot qui est tout à fait juste dans son rôle de l’homme d’affaires anglophone qui maîtrise un minimum de Français et qui déforme nos si beau noms de familles ( c’est vraiment de toute beauté de l’entendre prononcer Bilodeau, Simoneau). Pour le reste du casting, tout le bottin de l’union des artistes semble se retrouver dans ce film. Pulpeuse France Castel, hippie Louise Forestier, impeccable Benoît Marleau, blond Gérard Poirier, charmant jean Leclerc, chevelu René-Homier Roy! Mention spéciale à Suzanne Lévesque en secrétaire sexy!
Le film s’ouvre sur un faux-documentaire qui fait l’éloge du Canada comme la terre de l’harmonie entre les anglophones et les francophones. Ce cynisme laisse entrevoir le ras-le-bol vécu par beaucoup de francophones de cette période qui mènera entre autres à la création du parti québécois et à d’autres initiatives gouvernementales de protection culturelle. Même si le ton du film est léger, la conclusion a du en effrayé quelques-uns car elle suggère que les francophones reprennent leur part du gâteau par le sabotage du système. C’est dans cette suggestion d’action que le titre prend son sens. Accroche-toi bien après les oreilles, ca va donner un gros coup! Ce gros coup aurait pu être celui d’une victoire du Oui au référendum de 1980, mais le bouleversement annoncé dans le film ne s’est jamais produit.
La chanson de fermeture met abruptement fin à la rigolade. Elle vient nous rappeler que la culture francophone pourrait devenir un vague souvenir pour nos enfants si rien n’est fait pour sa protection.
Mommy, daddy, I love you dearlyPlease tell me how in French my friends used to call mePaule, Lise, Pierre, Jacques ou LouiseGroulx, Papineau, Gauthier, Fortin, Robichaud, Charbonneau.
Sans tomber dans la nostalgie et le nationalisme de base, je me dois de reconnaître que ce film est malheureusement encore pertinent plus de 30 ans après. Les disparités économiques entre les anglophones et les francophones se sont probablement résorbées (je préfère ne pas m’aventurer sur ce sujet) mais la culture francophone et sa langue demeurent des acquis fragiles qui mériteraient plus d’attention de notre part.
Je suis sortie du film toute remuée en chantonnant l’air de la chanson de Marc Gélinas. J’ai échangé quelques sourires avec les autres spectateurs du film avant de reprendre le chemin du retour. Étrangement, le hasard des feux rouges aura fait que mon itinéraire me fasse croiser du regard près d’une dizaine de drapeaux fleurdelisés.
Je crois que ce film a réveillé quelque chose en moi. N’ayez crainte je ne vais pas me mettre à chanter du Paul Piché dans le métro, mais je crois que ma culture a besoin de moi!
Dominique Michel alias Suzanne Lambert n’en peut plus de son rôle d’employé modèle dans la compagnie d’Assurances Britannia où elle est sténographe. Sous-payée et coincée dans un poste de peu d’importance, elle décide du jour au lendemain de partir de chez ses parents, des bons québécois obéissants, de changer de look et de commencer à brasser la cage de son employeur pour revendiquer ses droits. Même si tout le monde est d’accord avec elle, bien peu la supporte. L’un d’entre eux Jacques Martin prend même un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues en redoublant d’ardeur pour aider son pauvre patron qui est au bord de la crise de nerfs depuis qu’un taux record de mortalité chez les assurés est en train de mettre la compagnie en faillite.
Même si l’histoire est un peu longuette et que la résolution de l’intrigue est très prévisible, ce film réussit à dresser le portrait peu reluisant de la situation des francophones et de leur langue tout en créant une comédie où l’on rigole bien. Dominique Michel est très convaincante dans son rôle de jeune femme qui ne vise un idéal que tout le monde se refuse préférant de ne pas risquer de perdre le peu qu’ils ont. Yvon Deschamps est cinglant dans son rôle de commis d’assurances/téteux de boss. Le rôle du patron est tenu par Dave Broadfoot qui est tout à fait juste dans son rôle de l’homme d’affaires anglophone qui maîtrise un minimum de Français et qui déforme nos si beau noms de familles ( c’est vraiment de toute beauté de l’entendre prononcer Bilodeau, Simoneau). Pour le reste du casting, tout le bottin de l’union des artistes semble se retrouver dans ce film. Pulpeuse France Castel, hippie Louise Forestier, impeccable Benoît Marleau, blond Gérard Poirier, charmant jean Leclerc, chevelu René-Homier Roy! Mention spéciale à Suzanne Lévesque en secrétaire sexy!
Le film s’ouvre sur un faux-documentaire qui fait l’éloge du Canada comme la terre de l’harmonie entre les anglophones et les francophones. Ce cynisme laisse entrevoir le ras-le-bol vécu par beaucoup de francophones de cette période qui mènera entre autres à la création du parti québécois et à d’autres initiatives gouvernementales de protection culturelle. Même si le ton du film est léger, la conclusion a du en effrayé quelques-uns car elle suggère que les francophones reprennent leur part du gâteau par le sabotage du système. C’est dans cette suggestion d’action que le titre prend son sens. Accroche-toi bien après les oreilles, ca va donner un gros coup! Ce gros coup aurait pu être celui d’une victoire du Oui au référendum de 1980, mais le bouleversement annoncé dans le film ne s’est jamais produit.
La chanson de fermeture met abruptement fin à la rigolade. Elle vient nous rappeler que la culture francophone pourrait devenir un vague souvenir pour nos enfants si rien n’est fait pour sa protection.
Mommy, daddy, I love you dearlyPlease tell me how in French my friends used to call mePaule, Lise, Pierre, Jacques ou LouiseGroulx, Papineau, Gauthier, Fortin, Robichaud, Charbonneau.
Sans tomber dans la nostalgie et le nationalisme de base, je me dois de reconnaître que ce film est malheureusement encore pertinent plus de 30 ans après. Les disparités économiques entre les anglophones et les francophones se sont probablement résorbées (je préfère ne pas m’aventurer sur ce sujet) mais la culture francophone et sa langue demeurent des acquis fragiles qui mériteraient plus d’attention de notre part.
Je suis sortie du film toute remuée en chantonnant l’air de la chanson de Marc Gélinas. J’ai échangé quelques sourires avec les autres spectateurs du film avant de reprendre le chemin du retour. Étrangement, le hasard des feux rouges aura fait que mon itinéraire me fasse croiser du regard près d’une dizaine de drapeaux fleurdelisés.
Je crois que ce film a réveillé quelque chose en moi. N’ayez crainte je ne vais pas me mettre à chanter du Paul Piché dans le métro, mais je crois que ma culture a besoin de moi!
1 Comments:
Ouais, regrettable que je n'aie pas pu t'y accompagner ! Mais enfin, je ne sais pas si tu serais venue si j'avais été libre, et c'est une délicieuse ironie sur laquelle nous élaborerons sans doute un peu plus tard, autour de notre workstation démoniaque !
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