Monday, May 08, 2006

So long Marienbad!

Ma vie est encore sur le mode rattrapage, j’essaie de procéder à ce que j’aurais du faire il y a longtemps histoire de pouvoir vivre éventuellement dans le présent. Dans la section cinématographique de mon existence, L'année dernière à Marienbad faisait partie du lot de films que je devais visionner depuis longtemps. J’ai le bonheur de vous annoncer que je peux finalement enlever ce film de ma liste même si je sens qu'un seul visionnement est insuffisant pour le saisir dans toute sa substance. Puisse ce texte éclairer la lanterne de ceux qui n'ont toujours pas vu ce film et mettre un peu sens dans ma démarche de rattrapage.
Ce classique à l'esthétique extrêmement minutieux exploite les multiples interprétations qui peuvent être donnés à un même événement et les variations qui s'en suivent. La mémoire comme filtre déformant de la réalité est un thème cher à Resnais qu’il a aussi abordé dans Hiroshima, mon amour. Le film s'ouvre sur un monologue d'un homme que l'on ne réussit pas à saisir tellement le débit est rapide et le volume trop bas. La caméra erre lentement dans cet immense palace de Marienbad en République Tchèque, station thermale où des gens aisés se réfugient depuis des siècles pour se reposer. Les lieux grandioses et aérés juxtaposés à une bande-son répétitive et hyper chargée crée une confusion qui sera sommairement éclaircie dans le reste du film.
Resnais joue avec les différents scenarii possibles de l'histoire d'amour d'un homme et d'une femme qui se seraient rencontrés jadis dans ces lieux à l'insu du mari de cette dernière. La dame ne se rappelle pas de cet épisode où elle aurait demandé à cet homme de l’attendre un an de plus, puis peu a peu la mémoire semble lui revenir ou est-ce à force de se faire répéter la même chose par cet homme insistant qu’elle commece à croire à la véracité de son récit. Le fait que les versions changent d'une fois à l'autre, qu’il rajoute des détails, en enlève ou invente une fin tragique qui n'est jamais arrivé car sa belle est toujours vivante, laisse croire que l’homme est un mythomane qui a trouvé une façon de se distraire pendant sa cure de repos. Cette répétition quasi aliénante et la beauté des images hypnotisent le spectateur jusqu'a ce que le film se ferme sur son monologue qui semble voué à l’éternité.
Le côté hyper esthétique et maniéré du film donne une vision très artificielle et mécanique de la liaison amant-maîtresse, mais le film n'en est pas moins poétique. L'alliance des images léchées et de la musique expérimentale fait de ce film un objet d'art énigmatique et marquant qui a purifié ma petite tête qui aurait bien besoin d'un séjour dans une station thermale de ce genre. Par contre, je ne supporterais pas qu’une tache pareille ruine ma paix!

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