Saturday, May 06, 2006

Coeur de pomme pourrie

Me voila de retour après un autre voyage touristico-existentiel a New York. J'avais vaguement espoir que tous mes questionnements et mes angoisses disparaitraient par magie en passant les douanes de Lacolle, mais rien de spécial ne s'est produit. Après le trajet de 8 heures signé Greyhound, je suis debarquée dans le métro en pleine agitation de l'heure de pointe du lundi matin entourée de la faune éclectique new yorkaise. Une jolie mère/top model avec son fiston, une petit nerd a lunettes dévorant un livre plus gros que lui, des travailleurs de la construction cognant des clous avec leur casque sur la tête, des business man hyper classe lisant leur journal... Je pourrais passer des heures à regarder les habitants de New York. Ils sont un mélange de flamboyance et de drabitude qui me captivent plus à chaque fois que j'y vais. Ca m'a fait du bien de réaliser que je pouvais aller me recoucher contrairement à tous ceux qui m'entouraient et c'est ce que j'ai fait même si le sommeil n'est pas la meilleure technique pour explorer une ville.
Pas assez motivée pour jouer à la touriste, je me suis servie de New York comme d'un gite pour me couper de mon quotidien, me reposer et faire des choses que je ne fais jamais comme aller au cinéma. Après avoir hésité à aller voir Drawing Restraints 9, le dernier méfait de Matthew Barney qui ne sera probablement pas à l'affiche à Montréal avant le prochain festival du Nouveau Cinéma, nous avons tout de même opté pour le dernier Spike Lee. Au très puriste IFC (Independant Film Center) où j'aurais pu voir Barney et Bjork faire de l'art avec des baleines devant quelques intellos solitaires, nous avons préféré un établissement multiplex où j'ai pu me familiariser avec le beurre self-service. Profitant de l'absence totale de surveillance, je me suis immiscée dans la salle où l'on présentait United 93. Mis à part de remettre le fer dans la plaie et de traumatiser une génération d'enfants qui craindra de prendre l'avion, je ne vois pas quelle est l'utilité de ce film. Divertir? Justifier les interventions américaines en Irak? Je reconnais que le film n'a pas à avoir une utilité précise, mais je ne comprends pas ce qui peut amener les gens à payer pour aller voir ca.
*** Ceci dit, le dernier Spike Lee ne ressemble en rien à ces oeuvres précédentes. Il délaisse la vie de quartier pour se concentrer sur le coeur de la ville pour réaliser un vrai de film de major film sur un vol de banque bien ficelé. Même si les personnages sont solides et bien interprétés, que le suspense nous garde en haleine et que la résolution de l'intrigue fait de la lumière sur un fait méconnu de l'histoire new yorkaise, je suis sortie un peu déçue. En fait plus si je repense, ce n'est pas tant le film qui m'a déçu mais plutôt le constat qu'il jette sur New York.
Inside Man confirme que la grosse pomme se transforme de plus en plus a un état bancaire et policier où l'individu n'a plus vraiment de place ou les drames de pizzeria et les batailles de voisinage sont en voie d'extinction ou même les enfants sont conscients que l'adage get rich or die tryin ne s'applique pas qu'au ganster rap. Spike Lee met de côté le folklore new yorkais pour s’attaquer aux problèmes de fond et dévoiler les origines pourries d'une ville où la philosophie du chacun pour soi atteint aujourd'hui un point culminant. Ce film m'a confirmé que contrairement à ce que beaucoup affirme New York n'est pas si différente du reste des Etats-Unis et que la source d'inspiration de Spike Lee ne m’intéresse de moins en moins.

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