Monday, March 06, 2006

Du transport de la nourriture

Dernièrement lors d’un interminable trajet en autobus, j’ai vu une femme qui semblait un peu paumée qui trimballait nonchalamment un sac de plastique remplie d’une généreuse portion de spaghetti dans leur sauce qui s'écoulait lentement sur le plancher du bus. Cette vision m’a ramené à l’époque de mon séjour en Afrique quand mes amis me ramenaient des sacs en plastique remplis de spaghetti ou de riz sauce arachide pour me redonner les forces nécessaires pour me rendre chez-moi sans m’évanouir. Je me suis vite habituée à cette forme tiers-mondiste de take-out, qui est certes moins pratique et plus risquée, mais qui est franchement plus écologique que nos boîtes de styro-foam.
En regardant le sac de la fille un peu plus attentivement, je me suis souvenue de Claudine, une handicapée mentale qui avait été placée dans ma classe de 2ieme année pour quelques semaines le temps que la direction de l’école se rende compte que sa présence ralentissait toute la classe. Elle avait été adoptée par un couple de bs qui avait l’air particulièrement crasseux qui avait sans doute postulé pour être foyer d’accueil dans l’optique de recevoir un extra sur leur chèque. Elle nous faisait souvent éclater de rire en répétant à voix haute ce que la prof venait de dire sans se soucier de la bave qui coulait le long de sa bouche. Elle était sympathique, même s’il était très difficile d’entrer en communication avec elle. Elle semblait n’avoir besoin de personne et de ne pas accorder d’importance au jugement des autres, ce qui est plutôt le contraire des enfants du primaire qui cherchent le conformisme à tout prix afin de ne pas être exclus. Ceci dit, mon dernier souvenir d’elle remonte à une journée spéciale organisée par le terrain de jeux où l’on devait apporter un lunch. Elle avait donné envie de vomir à tout le monde en s’empiffrant avec ses mains crasseuses à même un sac de Axep rempli d’une gibelotte louche et grumeleuse. Depuis ce jour, j’ai énormément de difficulté à manger en compagnie de beaucoup de personnes en même temps. Je dois me guérir de cette phobie qui nuit encore à ma vie sociale alors que Claudine doit avoir oublié depuis longtemps ce que ses parents adoptifs lui avait préparé pour cette fameuse journée d’activités. Elle a probablement oublié ses parents du moment, car ils ont vite perdu leur contrat de parents temporaires.
Peut-être est-ce Claudine devenue femme que j’ai croisée l’autre jour? La pauvre fille a du changé 40 fois de maison d’accueil avant de se retrouver à 18 ans, responsable d’elle-même sans que personne ne l’ait jamais informé de l’existence des Tupperware.

1 Comments:

Blogger Caroline said...

J'adore votre esprit, Mongola Batteries! :-)

3:12 AM  

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