Sunday, December 31, 2006

Voici mon cerveau livré pour vous

Sachez mes chers qu'avec mon dernier visionnement de l'année je me suis cérébralement sacrifiée pour vous épargner une peine inutile.
Le coupable s'appelle The Passion of Jesus Christ de Mel Gibson.
Filmé en hémoglobinorama, ce film raconte les dernières douze heures de la vie de Jésus que l'histoire biblique a classé sous le titre de Passion. Peu importe qu'on croit ou pas à l'existence de ce prophète, sa vie nous ramène à une période de l'histoire où le système judiciaire est impitoyable. Dénoncé par Judas, un de ses apôtres, Jesus se fait arrêté par les autorités romaines qui se voit dans l'obligation de le crucifier suite à la demande du peuple. A partir de l'annonce du jugement, le film est une suite de supplices qui transformeront Jésus en un corps ensanglanté et tuméfié qui doit lui-même porté la lourde croix sur laquelle on le crucifiera.
Mis à part quelques flashbacks qui font allusion à son passé avec sa mère et ses apôtres, très peu de détails sont donnés sur la vie de Jésus. Ce qui ne peut qu'ajouter à l'impression de délire que peut donner le film à tout individu qui ne croit pas à l'histoire du Christ.
Je comprends que Mel ne cherche pas à convertir personne, mais je ne vois pas en quoi ce film apporte quelque chose de neuf sur cette histoire fondatrice de la foi chrétienne. Judas se pend, Marie et Marie-Madeleine (incarnée par Monica Belluci) passent le film à pleurer et les Romains à fouetter et à faire souffrir Jésus. Même si les dialogues sont en araméen, leur extrême simplicité fait que le film demeure très facile à suivre.
Enfin bref, ce film montre à quel point notre civilisation repose sur une histoire violente et que l'on ne peut pas dire que les choses se soient vraiment améliorées 2000 ans plus tard. La terre qui a vu naître Jésus demeure une zone de conflit perpétuel qui sont en grande partie provoqués des croyances différentes et incompatibles. Malgré toute l'horreur de cette histoire, certains prennent un malin plaisir à se la re-raconter ad nauseam comme si l'horreur actuelle ne suffisait pas. C'est pourquoi je vous invite fortement à ne pas perdre 2 précieuses heures de votre vie devant ce délire aussi inutile que mon dernier sacrifice de 2006.

Saturday, December 30, 2006

Saddam et moi

Vous êtes sans doute tous déjà au courant que Saddam Hussein a été pendu ce matin pendant que nous dormions à poings fermés y compris George Bush qui se serait quand même mis au lit après avoir eu la confirmation de son éxécution imminente. J'ai lu que la seule autre personne informée était Dieu et comme il n'existe pas pour bon nombre d'entre-vous alors on peut dire que Bush supporte bien la pression et que l'éxécution d'un dictateur mégalomane ne l'empêche pas de dormir.
Ceci dit, comme très peu de personnes me lisent, je me permettrai encore aujourd'hui de faire des liens entre mes expériences personnelles et l'actualité.
Comme beaucoup, j'ai appris l'existence de ce dictateur lors de la guerre du Golfe alors que j'étais étudiante dans une école privée plus portée sur la guerre des Gaules que sur l'actualité occidentale. Avec quelques-unes de mes collègues, nous avions même quitté illégalement l'école pour aller se joindre aux manifestants devant le parlement. Je n'étais pas particulièment politisée mais quand même consciente que les injustices se devaient d'être dénoncées, mais la direction n'a pas cru une seconde à mon désir de paix et elle m'a donné une autre retenue après les heures de classe de même qu'une note que je devais faire signer à mes parents que j'ai du signé moi-même pour ne pas que ma mère me raconte encore une fois sa participation aux manifestations contre la guerre du Vietnam...
Les années qui ont suivies m'ont fait perdre Saddam de vue de même que l'actualité en général dont je me suis désintéressée pour des raisons de désillusion teintée de paresse intellectuelle et d'autisme cégépien et universitaire. Une belle nuit de canicule estivale, je l'ai retrouvé dans le film de South Park. Formant un couple avec le diable en personne, Saddam est un délirant obsédé sexuel qui fait soufrir le pauvre diable car il ne lui fait pas attention à ses besoins de communication et de tendresse.
Et puis, le 11 septembre 2001 l'a ramené sur la map. Même s'il n'était pas relié à l'organisation terroriste Al Qaeda, les États-Unis ont fini par trouver un prétexte pour lui faire la guerre. L'invasion irakienne a commencé en mars 2003 alors que j'étais de passage à NYC chez un ami qui avait CNN où j'ai pu suivre dans les détails du début de l'opération sans jamais me douter que 3 ans plus tard, la situation irakienne demeurerait catastrophique.
Un autre séjour à New York coïncida avec un autre moment-clef de l'histoire de Saddam. Quelle que fut pas ma surprise en allant chercher le NYtimes de voir le visage fatigué du dictateur déchu que l'on venait capturé près d'un an après avoir renversé le régime. Comme le dit si bien Elvis gratton, ils l'ont l'affaire les américains et en matière d'informations spectacles, ils sont durs à battre. Chacune des publications offraient des pages couvertures bien tape à l'oeil afin que même que le plus illettrés comprennent que quelque chose de très important venait de se passer. CNN passait en boucle, le check-up médical de Saddam de même que le trou où il se cachait avec son revolver. (revolver que Bush a lui-même en sa possession)
Enfin bref, je peux dire que j'avais encore l'impression d'être au bonne endroit pour sentir l'engouement d'une telle capture sur laquelle personne ne peut être insensible.
Ce 30 décembre 2006 marque la fin de ma relation avec ce personnage de l'histoire car il n'est plus de ce monde. Comme sa mise à mort ne règle rien du tout et qu'elle risque même d'envenimer la situation en Irak, les réjouissances risquent d'être plutôt rares, puisqu'il y a longtemps que Saddam n'a plus du tout rapport avec la guerre foireuse. Sa mort vient faire tomber l'illusion qu'en attrapant le méchant et en le tuant tout irait bien. Cet événement permet de réaliser que les choses ne sont pas si simples en Irak et que l'on est peut être mieux de ne pas se mêler d'un conflit dont on ne comprend même pas les enjeux. Mais bon, comme il est trop tard, les Américains vont devoir essayer de recoller les pots cassés et tenter de soutenir l'intérêt du peuple même si le personnage emblématique du méchant n'est plus. Pour moi et bien d'autres, la guerre en Irak vient de se transformer aujourd'hui en une masse anonyme, informe difficile à suivre pour laquelle la personne de Saddam servait de triste référence.

Friday, December 29, 2006

la dernière déception de l'année

Depuis 2 semaines, j'attendais patiemment le dernier vendredi de l'année pour recevoir mon dernier cadeau cinématographique de 2006. Le dernier Lynch devait sortir aujourd'hui, mais je crois que je vais devoir prendre mon mal en patience encore une fois puisque qu'aucun quotidien ne confirme son arrivée. Je ne suis pas très étonnée, mais n'empêche que ce film aurait terminé cette année en beauté en plus de me permettre de me sentir moins anachronique dans mon odyssée cinéphilique. Comme Lynch serait lui-même en charge de la distribution, je me garde de tout commentaire négatif à l'égard de ce retard, car je crois que mon réalisateur chéri a aussi droit à son congé de Noël.
La lecture des revues de l'année m'a permise de réaliser que je n'ai vu aucun des films marquants de l'année. Mis à part Leonard Cohen: You are my man et le documentaire sur Daniel Johnston que nul critique ne mentionne, la plupart des films que j'ai vu cette année ont été réalisés il y a des lustres. J'espère que mes chroniques cinéphiliques anachroniques intéressent tout de même d'autres que moi, car je compte bien conserver cette tradition pour l'année à venir.
Sans vouloir faire dans l'ésotérisme à 5 cennes mes dernières sélections anachroniques m'ont ramené directement à des événements de 2006. Dog Day Afternoon m' a fait réalisé que le célèbre braqueur était disparu cette année dans l'oubli presque total. Une fois le film fini, je suis tombée nez à nez avec Vito Corleone monologuant en français sur les ondes de TVA. (le braqueur se serait inspiré du film pour établir son vol) Le Amadeus de Milos Forman m'a fait réalisé que le 250 ième anniversaire de Mozart tirait bientôt à sa fin aussi. J'ai failli me déclarer officiellement "psychic" quand je suis tombée sur la version française du film Hair aussi réalisé par Monsieur Forman sur les ondes radio-canadiennes hier soir 2 minutes après la fin de mon visionnement.
Ces coïncidences sont trop anodines pour être lynchiennes mais tout de même rigolotes m'ont permis de me réconcilier avec ma tendance à voir des films 20 ans après tout le monde. Comme le seul film qui pouvait me convaincre de me déplacer par ce froid et de me faire sentir de mon temps semble vouloir se faire attendre, je crois que j'ai intérêt à accepter mon décalage cinéphilique.

Wednesday, December 27, 2006

Le cinéma qui se base sur la vie vaut parfois la peine d'être vécu

La mention Based on a true story a une toujours eu une connotation un peu négative pour moi. Le fait de savoir que l'histoire s'est déjà passée dans la réalité me donne plus envie de m'intéresser directement au fait raconté plutôt qu'à sa dramatisation par un réalisateur.

C'est pourquoi, j'ai souvent hésité à louer Dog day Afternoon de Sydney Lumett mais devant la rareté des possibilités de location, j'ai du mettre mon préjugé défavorable de côté. Contre toute attente, j'ai passé un plus qu'agréable moment devant cette histoire de hold-up foireux qui eut lieu le 22 août 1972. Al Pacino y tient le rôle de Sonny, dans le rôle du chef-cambrioleur au côté de Sal, son inquiétant allié,tenu par John Cazale, acteur tenant le rôle de Fredo Corleone dans The Godfather II. Le vol se transforme vite en prise d'otages où la police essaie de convenir d'un accord afin de sauver la vie des innocents et de mettre la main sur les deux malfrats en leur faisant croire qu'ils auront ce qu'il voudront. La prise d'otage donne lieu à un huis clos des plus dramatiquement étonnant et captivant malgré sa longueur. A l'extérieur des centaines de policiers armés sont prêts à lui tirer dessus, auxquels s'ajoutent des supporteurs qui se sont rassemblés pour soutenir l'action de Sonny qui est acclamé en héros à chacune de ses sorties à l'extérieur. Ce vol de banque peu commun a fait la manchette des journaux et il n'est pas étonnant qu'un producteur ait décidé de l'adapter au cinéma.
En plus d'être vraiment réussi, ce film est un intéressant exemple d'échange entre la fiction et la réalité et de l'influence qu'elles peuvent avoir l'une sur l'autre. L'histoire est basé sur la vie de John Wojtowicz qui a purgé 20 ans de prison pour ce vol de banque qu'il aurait effectué dans le but altruiste de payer l'opération de changement de sexe de sa femme. Il aurait basé son plan de cambriolage selon une scène du film du Godfather de Coppola. Le dévoilement de son orientation sexuelle sema l'émoi chez les médias qui mirent l'accent sur cette information ce qui ne manqua pas d'attirer de nombreux curieux et supporteurs de la cause homosexuelle qui se sont rassemblés malgré la chaleur accablante de ce journée du mois d'août. Monsieur Wojtowicz n'a pas donné son accord à la création du film, mais il aurait au final utilisé les revenus qu'il a réussi a tiré du film pour payer l'opération. La mise-en-scène de l'opération policière serait même devenu un modèle pour les services policiers aux prises avec ce genre de situation délicate.

Al Pacino livre une performance d'acteur exceptionnel. Il a longuement hésité à jouer le rôle de ce braqueur de banque caractériel et passionné qui risquait de le transformer en icône gai même si l'homosexualité n'est pas abordée de façon explicite. Dans une lettre adressée au NYtimes en 1977, Wojtowicz déclare que le film est une piètre reproduction de la réalité et que le motif du vol n'est pas montré de façon assez claire, mais il reconnaît que Pacino y livre la meilleure performance de sa carrière. On peut comprendre que Monsieur Wojtowicz ne soit pas satisfait de voir sa vie dépeinte de cette façon, mais ça doit être vraiment flatteur pour un acteur de recevoir un tel compliment. Si ce rôle a transformé Al Pacino en acteur mythique, on ne peut pas en dire autant pour Monsieur Wojtowicz qui est mort cette année dans la pauvreté.

Enfin bref, je suis bien contente d'être aller au-delà de mon préjugé et j'espère vous donnez envie de voir ou de revoir ce film qui montre que le cinéma et la vie lorsqu'ils s'allient peuvent parfois former des amalgames bien intéressants.

Thursday, December 21, 2006

beginning to see the light

Depuis 7:22 ce matin, l'hiver est officiellement arrivé.
Pour moi et beaucoup de frileux/victimes de la dépression saisonnière, cette journée la plus courte de l'année n'a rien de très réjouissant, mis à part qu'elle signifie que l'on peut aller plus bas en terme de durée du jour.
Le fait de penser qu'à partir d'aujourd'hui, les jours vont récupérer quotidiennement quelques centimes de seconde de lumière qui vont devenir des minutes puis heures et puis qu'éventuellement le printemps reviendra me remonte un peu le moral.
Joyeux solstice!


Tuesday, December 19, 2006

Histoire dont nous sommes le héros

Je n'ai jamais lu ce type de romans évoqués par mon titre, ne ressentant pas le besoin d'avoir de l'influence sur le déroulement d'un histoire pour dévorer un livre. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours été attiré par les livres même si la bibliothèque de mes parents n'en contenaient tout simplement pas. Je fais partie de ceux qui mourraient d'impatience d'apprendre à lire pour être capable de déchiffrer tous ces mots qui peuplaient mes visions et qui excitaient mes petites neurones vierges. Plusieurs décennies plus tard, ma passion pour la lecture est toujours aussi ardante pour ne pas dire maladive. Je ne sais plus où donner de la tête tellement je veux tout lire. Le magasinage des cadeaux des Noël m'a fait faire aujourd'hui une rechute d'achats de livres, alors que je devais acheter des cadeaux pour ma famille. Je n'ai pas pu résister à une vieille édition de La Belle Bête de Marie-Claire Blais auquel l'ancien propriétaire du livre un certain Jean-Francois Noël qui devait s'emmerder en classe à ajouter une moustache au personnage de la couverture, de même qu'au Don Quichotte de la Démanche de notre VLB national. Même si le tout m'a coûté 2 petites piastres, je me sens coupable d'avoir acheté ces livres alors que j'en ai déjà 4 tonnes qui attendent d'être lus...
Trève de confession de junkie littéraire...
Je tenais en fait à signaler que j'apprécie vraiment la période des fêtes pour la première fois de ma vie cette année. Non pas pour les repas de famille et les échanges de cadeaux qui m'attendent, mais plutôt pour le répit médiatique qui aura lieu au cours des prochaines semaines qui va me permettre de me calmer les nerfs un peu et d'essayer de digérer tout ce qui s'est produit cette année car je suis carrément au bord de l'overdose d'informations en ce moment. J'ai entendu dernièrement que le contenu quotidien du New York Times comporte autant d'informations qu'un homme du Moyen-Age pouvait en apprendre tout au long de sa vie. Pas étonnant que beaucoup de junkies de l'information se sentent aussi débalancés après une année aussi mouvementée que 2006.
Comme tout m'apparaît assez foireux sur le plan politique, je serais bien embarrassée de nommer la personne de l'année. Mis à part mes amis et ma famille qui me supportent malgré mon pessimisme chronique, j'ai beau chercher je ne considère pas que quiconque ait commis d'actes remarquables au cours de 2006 à moins que l'on puisse intégrer les conneries remarquables. Le Time Magazine a fait preuve d'une grande originalité en me choisissant de même que tous ceux qui achèteront une copie de leur exemplaire de fin d'année ou qui iront dans un magasin de journaux pour s'admirer la face grâce au miroir de la page couverture. Le magazine a trouvé une excellente façon de positiver l'année qui tire à sa fin en nous rappelant que les blogs, les wikipedia, myspace et autres créations du world wide web sont en train de révolutionner la circulation des informations et à quel point les publications officielles sont redevables à toutes ces personnes qui échangent des informations aussi futiles soient-elles.
Même si ce choix témoigne de la médiocrité des hommes politiques et autres gens influents de cette planète, je trouve qu'il s'agit d'un beau geste d'optimisme qui nous rappelle que nous pouvons tous à notre manière influencer le cours de l'Histoire ou du moins essayer...

Saturday, December 16, 2006

Ostie toastée des 2 bords!

Je ne suis pas particulièrement attirée par la dernière oeuvre cinématographique d'Yves Desgagné, mais je dois admettre que j'ai tellement de mal à comprendre que son adaptation de Roméo et Juliette cause autant d'émoi depuis sa sortie que j'ai presqu'envie d'aller voir son film.
Yves Desgagné me rappelle cette époque de ma vie où ma famille se retrouvait rassemblée pour regarder le téléroman l'Héritage dans lequel il incarnait Junior Galarneau, le fils rebelle et désinvolte ponctuant ses apparitions de ostie toastée des 2 bords. Malgré mon jeune âge, mes parents me laissaient regarder cette histoire de famille dysfonctionnelle de Trois-Pistoles troublée par la relation incestueuse vécue par Xavier Galarneau et sa fille Myriam. En fait, je suivais l'histoire semaine après semaine sans vraiment en comprendre sa gravité jusqu'à ce que RBO se charge de mon éducation en montrant le fils illégitime issue de la relation du père Xavier et de sa jument... Je ne regarde plus la télé québecoise, mais je doute sérieusement qu'un sujet si sérieux puisse être abordée à la télé en constatant le scandale causée par la présence d'un suicide et de scènes de sexe osées dans son film.
Les réactions de parents et d'organismes de prévention du suicide m'ont fait réalisé à quel point il est de plus en plus difficile au Québec de raconter des histoires sans se faire taxée de désaxée. Puisque ce film laisserait entrevoir le suicide comme une solution, son film s'adressant aux adolescents s'est vu classé 13 ans et plus. Les jeunes gens qui veulent voir ce film devront le faire avec leurs parents et connaissant l'enthousiasme de la jeunesse pour la cinématographie nationale, ils vont surement profité de leur accompagnement parental pour aller voir Apocalypto ou tout autre film montrant que la vie vaut vraiment la peine de d'être vécue.
Je suis conciente que le fait de voir 2 jeunes se suicider par amour puissent faire naître en moi des idées dans la tête de jeunes personnes, mais je ne crois pas que ce film puisse les pousser à passer à l'action. La réalité quotidienne se charge déjà très bien de leur enlever le goût de vivre, alors que la fiction peut leur permettre de s'en évader quelques heures.
Le suicide chez les jeunes est une triste et complexe réalité et ce n'est certainement pas en refusant de la montrer aux jeunes que la situation s'améliorera. L'art ne devrait pas avoir à subir les conséquences des échecs d'une société qui s'évertue à chercher le coupable de ses malheurs. L'art est souvent une façon efficace d'extérioriser les malaises de la société et ainsi aider les gens à mieux se connaître. Je ne suis pas en mesure de vous dire ce que le film de Desgagné nous apprend sur nous-mêmes, mais la sortie de cette adaptation d'un classique de Shakespeare montre que la dramaturgie classique n'est pas la matière préférée des parents québecois qui interdirait surement la fréquentation des bibliothèques à leurs enfants de peur qu'il tombe sur la collection complète de Shakespeare qui ne compte pas moins d'une cinquantaine de suicides.
Ceci dit, même si je trouve la réaction de ces personnes un peu exagérée, cette nouvelle va permettre au film de Desgagné de faire parler de lui et peut-être même de ramener les jeunes et leurs parents à se parler.

Friday, December 15, 2006

politique-fiction

Comme si ce n'était pas assez difficile de devoir à la fois gérer la surabondance des informations et de ne pas sombrer dans la démence devant l'absurdité de ces dernières, la télévision belge s'est permise de plonger sa nation dans la confusion la plus totale en intégrant un canular à son bulletin d'informations de mercredi soir. La nouvelle stipulait le plus sérieusement du monde que le Parlement flamand venait de voter la sécession de la Flandre du Royaume de Belgique. S'en sont suivi des reportages en direct de différents lieux où des faux-manifestants se sont rassemblés pour manifester leur accord ou leur déscaccord devant l'annonce de la dissolution de leur pays. Bien vite de vrais manifestants se sont ajoutés aux faux et les appels téléphoniques sont devenus si nombreux que la chaîne a du informer le public plus vite que prévu qu'il s'agissait d'une blague. Même si beaucoup de gens ont très mal réagi à cette initiative longuement élaborée, plusieurs admettent que cette exercise de fiction a permis de faire réaliser à quelle point la question nationale belge est importante et que la situation se doit d'être étudiée.
Même s'il n'est pas souhaitable que les journaux d'informations commencent à utiliser ce genre de mise en scène pour chambouler l'opinion publique, ce canular permet de réaliser à quel point la fiction peut nous permettre d'en apprendre plus sur la réalité que n'importe quel sondage.
Quant à moi, cette nouvelle m'a fait réaliser à quel point je suis détachée de la politique de notre pays. J'ai beau essayer de m'y intéresser, je n'arrive pas à m'associer à aucun des clans qui se livrent des combats reposant sur des subtilités langagières qui font oublier les problèmes de fond. Je serais bien embêtée d'expliquer à un étranger quelles sont les conséquence réelles de l'annonce de Stephen Harper sur la nation québécoise, car il ne s'agit selon moi que d'une autre manigance politique pour rassurer des gens, s'attirer des votes et attiser un débat public sur des termes qui semblaient clairs auparavant. Quebecers, québecois, nation, canada uni...ce genre de déclaration se rapproche un peu trop d'un contrat rempli de clauses écrites en caractères minuscules au bas d'un contrat de vendeur de balayeuse traduit par un logiciel informatique cheap que personne ne prendra le temps de lire mais qui pourrait faire toute la différence lorsqu'on réalisera qu'on s'est fait vendre une merde.
Sans rentrer dans les détails de la situation politique belge opposant les Flamands et les Wallons, il est facile de voir que notre belle nation vit une situation qui lui ressemble sur plusieurs points. Une telle annonce dans notre bulletin télévisée aurait surement provoqué bien des réaction enflammées autant chez les anglophones que chez les francophones et elle aurait surement mieux permis d'avoir l'heure juste sur la question nationale que ne peut l'avoir l'annonce d'Harper même si on peut se demander s'il ne s'agit pas effectivement d'un canular politique.

Sunday, December 10, 2006

Je dépense donc je suis

Loin de moi l'idée de procéder à un autre exercise de dénonciation du mercantilisme de notre société moderne, mais n'empêche qu'il faut reconnaître que l'action d'acheter semble plus que jamais en cette période de froid et de privation de lumière une façon de sentir exister chez beaucoup de personnes qui n'en ont que faire du patinage et autres activités impliquant de se geler le cul.
Je reviens de chez Escomptes Lecompte, une chaîne concurrente de Dollarama qui n'existe pas à Montréal. Le magasin était rempli de gens surexcités par des objets aussi ridicules que leur prix. Même si je ne suis pas particulièrement optimiste en ce moment, je dois admettre que je suis fascinée par l'inventivité croissante des objets que l'on peut retrouver dans ces magasins. Ils parviennent à me faire croire que tout n'a pas encore été inventé et que le milieu de la cochonnerie ne connaît pas la stagnation. Au contraire il semble en pleine effervessance créatrice. Même si ces objets vont à l'encontre de la simplicité volontaire et de la protection de l'environnement et que l'exploitation des gens les fabriquant est de plus en plus en plus dénoncée, l'inventaire de ces magasins se cessent de se renouveler pour alimenter les accros de la dépense abordable qui n'ont que faire des beaux principes qui pourraient rendre ce monde meilleur. Des pères Noël dans leur bain qui se frottent le dos au rythme de Jingle Bells, des grenouilles qui jouent de la guitare, des coupes-ongles qui coupent pas les ongles, des briquets non protégés pour les enfants, des post-it qui collent pas, des biscuits turcs pas très frais et autres nouvelles versions d'objets utilitaires que tous possèdent déjà en triple, mais que l'on achètera quand même pour illuminer notre quotidien.
On a beau dire que l'argent ne fait pas le bonheur, mais devant ce spectacle je doute un peu de l'actualité de ce proverbe. Même si la mondialisation des marchés ne cessent d'accroître les inégalités sociales, la pollution et le gaspillage des ressources non-renouvellables, il faut admettre qu'elle permet à tous quelque soit leurs pouvoirs d'achat de s'adonner à l'acte exécutoire et libérateur d'acheter. Je conviens qu'il s'agit d'une méthode douteuse de tromper l'ennui, mais je sûre qu'elle apporte une contribution considérable au maintient de la paix sociale. Je ne serais pas étonnée qu'une étude prouve bientôt que les magasins à piasse ont un effet positif sur la production de sérotonine des gens qui les fréquentent et que l'on encourage les dépressifs à fréquenter ces endroits.


Monday, December 04, 2006

Addicted to Lynch

Le film The Squid and the Whale dont j'ai déjà fait l'éloge il y a quelques semaines m'a fait faire une rechute de Lynchomanie. L'adolescent de 14 ans songe à amener sa copine voir Short Circuit, mais son intellectuel de père, qui les accompagne, préfère aller voir le dernier Lynch qui tenait aussi à l'affiche en 1986. Cette scène montre à quel point certains personnes ne réalisent pas que certains films (dont font partie ceux de Lynch) ne sont pas trop appropriés au premier rendez-vous galant d'un adolescent qui manque de confiance en lui à moins que l'on souhaite de lui faire foirer son idylle naissante. Pour illustrer le malaise le réalisateur a choisi de montrer l'extrait où Isabella Rosselini est nue et en détresse dans une cuisine de banlieue. Même si Short Circuit a probablement permis à beaucoup de jeunes gens de flatter les cuisses de bien des jeunes filles, j'ai complètement oublié de quoi retourne Short Circuit, alors que Blue Velvet a laissé à tout jamais sa marque dans bien des cervelles en plus de faire de moi une Lynch addict pour la vie.
Je ne vous raconterai pas cette histoire que vous connaissez sans doute mieux que moi, mais je ne peux m'empêcher de glisser quelques mots sur ce film qui date de 2 décennies mais qui n'a rien perdu avec l'âge. Au contraire, ce re-visionnement confirme que Lynch est un maître qui rend la réalité aussi fascinante qu'effrayante et que ses films sont des classiques à l'épreuve du temps. Il réussit comme personne à transcender l'apparente platitude de la réalité pour nous faire découvrir les histoires sombres et tragiques qui se cachent derrière. Il parvient comme personne à allier horreur et glamour, simplicité et extravagance, vulgarité et politesse pour en créer un univers si marquant que l'on envie d'y retourner encore et encore même s'il s'y passe des choses effrayantes.
J'arrête là, je vais me le retaper avant de le retourner accumuler la poussière au club vidéo.

Sunday, December 03, 2006

Front de libération des films mal classés

Tel que le clame notre poète Seba: "Peux-tu me dire pourquoi que les films québécois sont classés dans la section étranger?" Eh ben, cher poète si tu lis ces lignes, veuille excuser l'altération de tes propos, mais je crois que j'ai trouvé réponse à ta question et que j'ai même la solution. il me manque plus que les guts pour la mettre en opération.
Lors de ma plus récente visite au Superclub Vidéotron de la ville de Vanier que je fréquente pour ses bas prix et pour le fait qu'il distribue l'hebdomadaire culturel ICI qui malgré son horrible nouveau look m'aide à garder contact avec tout ce que rate à Montréal. Même si je n'aime pas particulièrement encourager l'entreprise de Monsieur PKP, avouez que 5$ pour 3 films que je peux garder pendant une semaine c'est pas cher. Semaine après semaine, je passe toutes les sections au peigne fin pour ressortir avec des films pas trop mal. L'expérience devient de plus en plus difficile de semaine en semaine pour mes nerfs fragiles dans cette atmosphère aliénante où un film joue à tue-tête pendant que la machine à popcorn diffuse une odeur qui rappelle plus l'urine que le beurre. Le classement des films qui semblent avoir été faits par les chimpanzés qui ont été virés du zoo de Québec un peu plus tôt cette année me donne envie de brailler mais je parviens à chaque fois à me maîtriser en arrêtant de respirer et en me balladant dans les allées comme si le classement n'avait pas encore été inventé. Ca me demande beaucoup d'efforts, mais j'y arrive.
Loin de moi l'idée d'être condescendante à l'égard des gens qui tiennent ces établissements, ils font un travail dont je ne pourrais endurer les conditions très longtemps et dont je n'ai de toute façon pas les qualifications nécessaires pour l'effectuer correctement (J'ai jadis échoué une entrevue d'embauche dans l'une de leurs succursales montréalaises pour avoir nommé Conte d'été de Rohmer comme dernier film vu. Le gérant m'a ramené à l'ordre en me rappelant qu'il ne pouvait pas accepter les titres de film pour enfants), mais n'empêche que ces personnes semblent aussi passionnés par le cinéma que moi par l'indice boursier des actions Vidéotron.
Le fait que les films québécois soient classés dans la section international n'a donc rien de trop étonnant dans un contexte où les films sont des objets de divertissement jetables que l'on veut consommer le plus frais possible et où l'entreprise n'a pas cru bon de faire imprimer des insignes Cinéma Québecois étant donné la petitesse de notre production annuelle qui ne justifie sans doute pas un investissement supplémentaire de leur part.
Je sais, je sais je n'ai qu'à aller ailleurs si je ne suis pas contente, je n'aurai bientôt plus le choix de toute façon car j'aurai épuiser toutes leurs ressources. La tentation est grande de libérer quelques films de cette asile orange et jaune, mais j'ai le mauvais pressentiment que l'empire Péladeau ne me pardonnerait pas facilement cette ingérence cinéphilique. Je ne crois pas que mon idéal vale une peine de prison, mais n'empêche que ça ferait une bonne manchette dans les infos dans une des moultes publication du groupe Quebecor.